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Bergerac et Duras : l’union fait la force

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

05.10.2015

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La création d’une interprofession commune pour les vins de Bergerac et de Duras remonte à près d’un an : l’occasion de revisiter ces magnifiques vignobles qui donnent naissance à de grands vins.

Situé juste à la frontière orientale du vignoble bordelais, le vignoble de Bergerac a, depuis des siècles, été en concurrence avec son prestigieux voisin, parfois de manière très dure ce qui a certainement compromis le développement des vins de la région. Aujourd’hui encore, l’aura des vins de Bergerac est moindre. Dans ce contexte, difficile pour une appellation toute jeune comme les Côtes de Duras (créée en 2001) d’exister.

En toute logique, les deux appellations ont donc uni leurs forces en novembre 2014 pour mieux réussir à faire connaître et reconnaître la qualité de leurs vins. Et les arguments sont nombreux. Au niveau géologique par exemple, le vignoble de Montravel est situé sur la même veine que celle de Saint-Emilion. En termes de cépages, la ressemblance avec Bordeaux est évidente : merlot, cabernet-sauvignon, cabernet-franc et malbec en rouge et sauvignon, sémillon, muscadelle en blanc se taillent la part du lion. Quant aux paysages de coteaux, leur beauté n’a d’égal que l’élégance des grandes cuvées aujourd’hui en plein renouveau. En effet, si l’appellation régionale « Bergerac » continue de produire 80% des vins, les autres appellations regroupent quant à elles la production de cuvées haut-de-gamme. Qu’il s’agisse de « Montravel » ou de « Pécharmant », des « Côtes de Bergerac » ou des « Côtes de Duras », les cahiers des charges se font ici plus stricts et l’approche parcellaire permet d’isoler les meilleurs terroirs pour produire de grands vins. Le souci de qualité s’exprime jusque dans le processus d’agrément qui, fait original, n’est délivré qu’après la mise en bouteille. Aucune concession sur la qualité, donc.

Des vins aux styles variés mais de plus en plus précis

Très réputée pour ses liquoreux (Monbazillac en tête suivi de près par ses plus discrets voisins Saussignac et Haut-Montravel), la région a connu de grandes évolutions depuis plusieurs années sur ses rouges et ses blancs secs. Les vins stéréotypés en 100% merlot vinifiés en 200% de bois neuf ne sont plus légion. La marche vers l’élégance, dans les deux couleurs, a été engagée et le meilleur est encore à venir.

La grande souplesse de matière associée à des notes bien épicées de la cuvée « Ortus » du château Belingard (17, 50€) en est un exemple criant. Des épices que l’on retrouve souvent, comme dans la cuvée « Sirius » (10, 75€) du château de Bloy. La profondeur de fruit (cassis) est ici éclatante, le viticulteur ayant décidé de vinifier sans aucun apport de bois neuf. La plupart de ces cuvées de rouge ont un grand potentiel de garde, souvent supérieur à 10 ans. Il suffit, pour s’en convaincre, d’encaver encore quelques années le Pécharmant « Folly du Rooy » du château du Rooy. Sa matière, son équilibre et sa complexité actuels (fruits rouges, notes de torréfaction) n’en seront que plus éclatants. Mais les vins blancs ne sont pas en reste. Le Montravel sec « le Bloy » (15, 80€) est un modèle de fraîcheur et de souplesse, à la trame acide parfaitement intégrée. Le Clos des Verdots « Les Verdots selon David Fourtout » (20€) joue par sa part une toute autre partition. Sa matière très ample s’étire sur des notes florales et exotiques et dévoile de fins amers qui en font un compagnon idéal pour un plat aux saveurs exotiques. Le sauvignon gris est également parfois mis à l’honneur pour donner des vins plus gras. Ainsi de la cuvée « cent pour cent » du château Moulin Caresse qui suscite la gourmandise avec ses notes délicates de fruits blancs. De nombreux styles en somme mais un dénominateur commun : un rapport prix-plaisir évident.