Champagne Hugues Godmé, Bio par conviction

2,1%, c’est le pourcentage des surfaces exploitées en viticulture biologique en Champagne. 37% celui de la progression du nombre de domaines convertis depuis 5 ans. Si l’un des chiffres est plutôt faible pour la filière, l’autre est davantage révélateur. Terre de Vins a sillonné les terroirs à la recherche de ces vignerons « bio » et « biodynamiques » qui se détachent et livrent leurs interprétations idéologiques de cette viticulture qui sommeille encore. Second portrait : Hugues Godmé, « Bio par conviction ».

Verzenay, ici, Verzenay. Terminus du voyage en terres inconnues ou plutôt méconnues.
Bienvenue chez Hugues Godmé ! ou devrait-on dire chez Hugues et Dominique.
Dominique, l’épouse d’Hugues, c’est cette femme pleine d’entrain qui fait tourner la machine quand son mari, lui, remue ciel et terre, au propre comme au figuré.
A la tête de 7 hectares, ce couple atypique et attachant aux 40 parcelles n’en finit pas de faire tourner les têtes. Pour cause, l’attachement qu’ils vouent à leurs terres.
Et ils ont là une palette disparate, de la sensualité du chardonnay de Villers-Marmery en passant par Villedommange et son séduisant pinot meunier, le pinot noir de la Montagne de Reims a là de charmants copains de vendanges.

Bio dans la peau

Hugues Godmé en éclaireur s’est toujours attelé à travailler ses terres et à donner sens à son métier de vigneron. Homme de conviction, habitué à l’exercice de la remise en question, c’est avec beaucoup d’humilité qu’il continue une introspection démarrée il y a plus de 10 ans. « Je ne suis pas mieux que les autres, je pense faire ce que j’ai à faire, être bio, ce n’est pas seulement se passer de substances chimiques, c’est se poser les bonnes questions au bon moment, c’est le travail d’une vie, une réflexion sur les sens, sur ce qui nous anime. »

En viticulture biologique depuis 2013, certifié en biodynamie depuis 2006, Hugues Godmé parle de la biodynamie comme un moteur. « La biodynamie c’est cultiver la vie, au-delà de la pratique, on se nourrit des autres, des rencontres, de lectures, de ce qui nous entoure. »
En bon cartésien, ce vigneron discret s’éloigne des prérequis faussant les clichés de ces hommes qu’on prend encore pour des « illuminés ».

Des cuvées qui jouent la carte de la biodiversité

Les cuvées qui en découlent sont précises, minutieusement vinifiées. « Les Fins bois », une cuvée d’assemblage (60% pinot noir, 40% chardonnay), un brut sans année donne le ton.
La fraîcheur des pinots noirs des coteaux de Verzenay se révèle laissant en finale un équilibre et une précision incroyable, du côté des parcellaires, tous sans aucun dosage, « Les Alouettes » un 100% chardonnay de Villers-Marmery oscille entre pêche jaune et mirabelle, un tour de force qui se démarque par une délicate acidité et une finale tendue. « Les Champs St-Martin », un 100% pinot noir accuse d’une vinosité presque indécente mais remarquablement orchestrée, une longueur caractérisée par l’élevage en fûts, fil conducteur de toutes les cuvées d’Hugues Godmé. Comme si ça ne lui suffisait pas, une cuvée « zéro » (sans soufre, sans intrants, sans sucres) vient bousculer cette linéarité. Un flacon produit à seulement 200 exemplaires, surprenant et révélateur de la nature profonde de cet homme qui évolue en signant d’un grand H.

Être « bio » ou ne pas l’être ?

Telle est la question qui a trouvé des réponses timides en Champagne mais qui en fait un terroir incroyablement humain et riche de sens.
Si la viticulture raisonnée tend à la normalité selon Thibaut le Mailloux, directeur communication du Comité Champagne, les conduites biologiques et biodynamiques ajoutent quant à elles un supplément d’âme, une prise de conscience hors sol.

Cuvées à partir de 35€.

www.champagne-hugues-godme.com