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Estoublon désormais réglé comme une horloge

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

23.10.2018

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Estoublon, l’un des 12 domaines des Baux de Provence au pied des Alpilles, n’a cessé de faire progresser ses vins tout comme ses huiles d’olive et les activités œnotouristiques. Un domaine qui a appris que le rythme des saisons était bien moins régulier que celui de l’horlogerie.

Rémy Reboul, issu du monde de l’horlogerie en Suisse, avoue avoir toujours rêvé faire du vin. « Je savais juste le boire et en parler mais j’avais l’envie et le courage lorsque mon beau-père Ernest Schneider, à la tête de Breitling, a décidé, sans rien dire à personne, d’acheter en 1999 le domaine d’Estoublon, à Fontvieille, dans les Bouches-du-Rhône ». Rémy et sa femme Valérie prennent alors les rênes du domaine des Baux de Provence, 38 ha d’oliviers (120 aujourd’hui) et 10 ha de vignes, en arrachent 5 et en replantent 14, uniquement en sélections massales, soit 19 ha. Les Schneider-Reboul ont bénéficié des conseils du microbiologiste Claude Bourguignon et du vigneron Éloi Durbach (Trévallon). « Avec Éloi, un autodidacte comme moi, nous étions d’accord au départ sur une chose : le vin se fait d’abord à la vigne, raconte Rémy Reboul. Ensuite, c’est beaucoup de désillusion teintée d’impatience, savoir s’adapter à la nature et à la climatologie, bref le projet de plusieurs vies ».

Moins de bois, plus d’élégance

Le domaine a été complètement restructuré « mais il ne s’agissait pas de faire un Trévallon bis. D’ailleurs il est au nord des Alpilles et nous au sud. Nous y sommes donc allés à tâtons pour faire des vins capables de ressembler à la terre, en laissant faire le plus possible la nature, juste en accompagnant les raisins à maturité ». Ont été arrachés carignan, counoise, cinsault, aubun, remplacés par des grenaches, syrahs, mourvèdres et cabernet sauvignon. Pour les 4 ha de blancs, les choix se sont portés sur la marsanne, la roussanne et le grenache blanc. C’est encore à l’initiative d’Eloi Durbach que le domaine s’est converti en bio (certifié depuis 2002) « Cela correspondait à nos convictions, pas besoin de chimie sous nos latitudes. L’objectif était avant tout de faire du bon vin et de la bonne huile d’olive, ce qui n’était pas le cas avant que nous ne reprenions le domaine ».

Mais pour construire un modèle économique, Rémy et Valérie ont dû se résoudre à renoncer au bio quelques années pour l’huile d’olive avant d’y revenir en 2010. Côté Vins, Estoublon s’est fait plus régulier au fil des ans. Il a progressivement abandonné collage et filtrage, réduit l’élevage en bois, privilégié les cuves béton et les foudres, et racheté des amphores pour les blancs. Il en ressort des vins beaucoup moins boisés qu’avant et qui ont gagné en finesse et en élégance. Rémy Reboul a également choisi de décliner le travail de cuvée mono-variétale des huiles d’olive sur les vins avec des cuvées mono-cépages en IGP qui complètent la gamme des AOC Baux-de-Provence. Il réfléchit à la biodynamie et la réintroduction des chevaux pour le labour dans les vignes « mais il faudrait que toute l’équipe soit convaincue de la démarche, ce qui n’est pas encore le cas ».

Le domaine produit en moyenne 45 a 50 000 bouteilles de rouges, 20 000 de blancs et 15 000 de rosés. Il vend plus de 70% de ses vins à l’export, principalement en Belgique qui enregistre toujours la plus forte croissance, la Suisse, l’Allemagne, l’Asie et l’Amérique du Nord. Le domaine a également misé depuis une dizaine d’années dans sur l’œnotourisme avec un restaurant construit dans l’ancien chai, un château à location privative pour mariages et séminaires, une boutique-épicerie et un moulin à huile au sein du domaine depuis 2012.

www.estoublon.com