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Fête des crus du Beaujolais : Juliénas en capitale(s)

Auteur

Pauline
Gonnet

Date

05.05.2017

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La 37è édition de la fête des crus du Beaujolais a eu lieu ce dernier week-end d’avril à Juliénas, dont le parrain fut cette année l’acteur et scénariste Antoine Duléry, qui a reçu à cette occasion le prix Victor Peyret, remis à de célèbres aficionados du vin.

Si la fête se tient à Juliénas, tous les crus sont représentés sans exception (Saint-Amour, Moulin-à-Vent, Chénas, Juliénas, Fleurie, Chiroubles, Morgon, Régnié, Brouilly, et Côte-de-Brouilly), et pour la première cette année, les Beaujolais Villages étaient également de la partie.
L’évènement faisait également peau neuve sur son organisation : les stands dédiés à chaque cru et présents dans les rue du village hôte ont laissé la place à trois circuits, reliant chacun plusieurs caves (37 au total) au moyen de petits trains, donnant ainsi le thème de cette édition 2017 : « sur la route des terroirs ».

Le prix Victor Peyret attribué à l’acteur Antoine Duléry

Le prix a été remis dimanche matin à l’acteur Antoine Duléry, plutôt connaisseur du Beaujolais des Pierres Dorées et qui a donc saisi l’occasion de mieux découvrir le Beaujolais des crus.
Ce prix est destiné à introniser les grands amateurs et/ou défenseurs des crus du Beaujolais, et porte le nom d’ un producteur du village, qui fut propriétaire du Château des Capitans et négociant, et qui s’est beaucoup investi dans la promotion du cru Juliénas.

De nombreux événements dans un esprit de partage et de confrérie

Mise en perce, dégustations commentées, défilé des confréries et dîner de gala ont rythmé ce week-end de fête et de découvertes.
Arnaud Chambost, meilleur ouvrier de France en sommellerie en 2000 (photo ci-dessous), animait les dégustations, présentant les différents climats de l’appellation Juliénas et prouvant une fois de plus que les vins issus d’un cru beaujolais peuvent être synonyme de puissance et de vin de garde, notamment sur le millésime 2015, majoritairement représenté.

Les aficionados du bois auront plaisir à déguster le Juliénas de Daniel Spay en 2011, qui présente un nez épicé, fleuri, kirsché et vanillé, reposant sur un joli équilibre et un boisé présent mais relativement bien intégré.
Coup de cœur pour Arnaud Briday, officiant au domaine des Chers, pour son séduisant 2015. Le nez concentré mais fin, épicé avec une dominante de cumin, mariant la violette aux fruits noirs, rappelle que 2015 fut un millésime solaire, ce qu’une impression de sucrosité en bouche, malgré l’absence de sucres résiduels, confirme.

Vincent Rollet : producteur de belles cuvées et moteur pour la reconnaissance des climats de Juliénas

Le domaine du Granit Doré, géré par Vincent Rollet, bientôt associé à sa compagne Marie-Laure après l’avoir été à sa mère, produit plusieurs cuvées formant un joli coup de cœur.
Le Juliénas Beauvernay, produit à partir de gamay sur pierres bleues, offre un nez typiquement gamay/beaujolais avec ses notes épicées et de fruits rouges, avec une bouche fraiche, souple et sur le croquant du fruit, terminée par une finale acidulée et minérale à la fois.
La cuvée Vieilles Vignes vaut également le détour, se démarquant par une minéralité plus franche mais sans occulter ni la concentration, ni l’élégance. Contrairement à la précédente, cette cuvée est égrappée à 70% et environ 18 jours de macération sont effectués (contre 7/8 pour Beauvernay), assortis de pigeages quotidien, et surtout d’un élevage en foudre de 9 mois. Vincent Rollet affirme une préférence pour son millésime 2016, « qui a le fruit de 2014 et un peu de la concentration de 2015, sans en avoir l’excès ».
La cuvée Marcel’s, du nom du grand-père mais également du fils de Vincent, est constituée de 3 terroirs : 50% sur les Capitans (qui apporte la puissance), 30% en provenance de Beauvernay, et 20% issus de la Bottière (qui apporte la tendresse). Elevés séparément 12 mois en fûts puis assemblés en cuve, Marcel’s ne cache pas ses notes d’élevage mais présente une structure et un équilibre prometteur quant à sa garde.
Enfin la cuvée des 4 cerisiers, issue d’une sélection parcellaire (de 60 ares), égrappée aux deux tiers et avec un passage en fût de 24 mois, dégustée en 2014, propose une belle élégance associée à une ampleur qui mettent en valeur notes minérales et kirschées, ainsi qu’une finale fruitée, minérale et légèrement saline.

Vincent (photo ci-dessus) s’est par ailleurs engagé dans une démarche de reconnaissance des 8 climats constitutifs de l’appellation Juliénas. Cette mouvance de reconnaissance des climats n’est pas isolée, en témoigne par exemple la même ambition portée par Frédéric Berne au Château des Vergers, destinée à reconnaitre les différents climats de Lantignié.

Le dossier destiné à l’INAO est donc en cours de montage, après un démarrage de l’action en reconnaissance il y a environ 2 ans.

Cette démarche a peut-être d’autant plus de sens sur l’appellation Juliénas que c’est sans doute le cru le plus hétérogène d’un point de vue géologique : des sols de granit cohabitent avec des colluvions & alluvions, ainsi que des sols constitués de « pierres bleues », provenant de roches magmatiques.

Les différences de sols apportent des personnalités différentes aux vins qui en sont issues, ce qui n’a échappé aux dégustateurs ayant goûté aux 8 climats, mais qui aura peut-être échappé à la jeune fille qui a choisi de prouver sa bravoure en buvant à même le crachoir lors de la dégustation de dimanche !