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François Diligent, des champagnes haute-couture

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

19.03.2019

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Très peu connus en France, les champagnes François Diligent sont produits par la famille Moutard comme le faisait leur aïeul, précurseur notamment sur les dosages très bas il y a des décennies. Le résultat est superbe.

Si vous avez déjà pu goûter les champagnes François Diligent, vous faites partie d’un petit nombre de privilégiés. Car la chose n’est pas aisée. La production annuelle est déjà très limitée, avec seulement 30 000 bouteilles en moyenne. En outre, l’essentiel de la production est exporté vers le Japon, les Etats-Unis, la Suisse et le Royaume-Uni. Heureusement, Alexandre et Benoît Moutard qui président aujourd’hui à la destinée de cette marque haut-de-gamme de la maison Moutard ont décidé de réinvestir le marché français. Leurs arguments ne manquent pas pour séduire les amateurs. Tout part de la parcelle « les Saunières » reprise par leur arrière-grand-père François Diligent lui-même en 1927. Ces vignes étaient celles de son père qu’il appelait son jardin. Un jardin de 4 hectares tout de même, d’un seul tenant, à Buxeuil non loin des Riceys dans la Côte des Bar. Comme à l’origine, on retrouve les 4 grands cépages de Champagne : chardonnay, pinot blanc vrai, pinot noir et meunier. Une pérennité que l’on retrouve d’ailleurs à tous les niveaux puisque les différentes cuvées produites aujourd’hui sont restées parfaitement fidèles à l’esprit qu’avait insufflé le fondateur.

Élevages longs, complexité et tension

Point de hasard dans l’encépagement… Les 4 hectares de vigne se divisent presque à part égales entre les 4 cépages. D’où la possibilité de réaliser des cuvées monocépages, comme la « Noir de Seine » (100% pinot noir) ou bien encore un 100% Pinot Blanc Vrai. Hormis pour le chardonnay, tous les cépages sont vinifiés sous bois. Tous les vins sont élevés sur pointe dotés d’un bouchon liège agrafé. Une approche qui favorise une fine oxygénation tout au long de l’élevage et qui marque nettement le style des vins. Ceux-ci sont par ailleurs tous dosés à 2 grammes par litre, non pas pour suivre la mode des brut nature de plus en plus en vogue mais là encore pour rester fidèle à ce que faisait déjà François Diligent dans les années 1930 ! Ajoutez à cela des temps d’élevage très longs, généralement de 7 ans sur lies et vous comprendrez aisément que ces champagnes ont une âme particulière. Beaucoup de puissance au nez, dotés d’une pointe oxydative, ils sont surprenants de vivacité. Une caractéristique récurrente qui offre à ces vins de gastronomie beaucoup d’allant. Le « Noir de Seine » (85€) actuellement commercialisé est ainsi à base de raisins de la vendange 2011. Les fruits secs se mêlent au nez à des notes truffées du meilleur effet. Le champagne « 3 pinots », lui aussi sur une base 2011 est celui qui révèle peut-être le mieux le style maison. L’assemblage de pinot blanc, pinot noir et meunier est admirable d’équilibre, teinté d’arômes d’herbes aromatiques (aneth) et de touches toastées. Sa rondeur s’étire en finale sur les épices (poivre blanc). Des vins qui vieillissent également très bien comme en témoignent les bouteilles de l’œnothèque du domaine. Le champagne « grande œnothèque » 1996 est encore bien vibrant, doté d’un milieu de bouche très vineux et de notes de curry et de noix splendides. Un vin disponible dans un coffret spécial qui sera proposé à 50 exemplaires pour le monde entier avec une bouteille de 2008 et de 1964. Mais à un tarif qui s’annonce très élevé.