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Gérard Perse, une ambition classée A

Auteur

La
rédaction

Date

06.09.2012

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Alors que le nouveau classement de Saint-Emilion doit être rendu public dans quelques heures, une information a déjà traversé le voile du secret : le Château Pavie rejoint (en même temps qu’Angélus) le club très fermé des Premiers Grands Crus Classés A. Une consécration pour son propriétaire Gérard Perse, qui nous livre ses réactions en exclusivité.

Gérard Perse, Château Pavie rejoint Ausone et Cheval Blanc dans le club très fermé des Premiers Grands Crus Classés A. Quel est votre sentiment en ce moment précis ?
Je suis encore sous l’émotion, totalement sous le choc. J’ai reçu ce matin le courrier officiel… Sincèrement, j’en rêvais, mais je n’y croyais pas vraiment.

Les rumeurs allaient pourtant bon train depuis quelque temps, et la progression de Pavie n’a pas manqué d’être soulignée depuis de nombreuses années…

C’est vrai, mais vous savez, on n’est jamais sûr de rien. Cela n’a pas été facile, ce classement récompense de longues années de travail. J’en ai le cœur serré, le souffle coupé, c’est immense. Je pense que je ne vais me rendre compte que dans quelques jours de ce que cela représente.

Quel regard portez-vous sur le chemin parcouru ?
Nous en parlions justement hier avec Laurent Lusseau, qui dirige nos vignobles (NDLR : les châteaux Pavie-Decesse et Monbousquet, également propriétés de Gérard Perse, confirment leur rang, respectivement Premier Grand Cru Classé B et Grand Cru Classé), quel parcours depuis que nous avons acheté Monbousquet en 1992 ! Nous avons réussi à hisser Monbousquet, puis Pavie à partir de 1998… Je ne sais pas si quelqu’un a déjà réalisé la même trajectoire en vingt ans à Bordeaux. C’est une aventure unique, je crois.

De quoi êtes-vous le plus fier aujourd’hui ?
D’abord, c’est d’avoir révélé Pavie. Je ne sais pas si le monde du vin se rend vraiment compte à quel point ce terroir est exceptionnel, c’est une accumulation d’excellences, que nous avons su sublimer à force de travail. Mais surtout, je n’oublie pas d’où je viens. D’une famille modeste, avec un père peintre en bâtiment. Ma mère est décédée quand j’avais vingt ans. Je repense à tout cela aujourd’hui, mais aussi aux obstacles rencontrés. Je sais que j’ai agacé au début, j’ai fait des choses différentes, j’ai bousculé des habitudes, et certains ne m’ont pas épargné. Il a fallu avoir les nerfs solides, et un sacré recul. Mais tout cela est « rentré dans le rang », et depuis plusieurs années.

Ce classement, est-ce un aboutissement ?
C’est une récompense, un grand honneur, mais le plus dur va commencer. En étant classé « A », on entre de plain-pied dans la légende de Saint-Emilion, de Bordeaux. Il faut désormais être à la hauteur de cette légende. Nous n’avons plus le droit à la moindre erreur et devons constamment viser l’excellence, faire toujours mieux. Mais aussi communiquer davantage, voyager davantage : on accède vraiment à un autre étage ! C’est aussi pour cela que nous sommes en train de nous doter d’un nouvel outil de travail, hors normes, qui sera dévoilé prochainement. Vous savez, j’ai fait beaucoup de vélo autrefois, et pour rester au haut niveau, il ne faut jamais se relâcher. Mais pour l’instant, je profite.

Propos recueillis par Mathieu Doumenge