Accueil Les grandes écoles s’affrontent (aussi) sur le terrain de l’œnologie

Les grandes écoles s’affrontent (aussi) sur le terrain de l’œnologie

Frédéric Panaïotis, chef de caves Ruinart, et l’équipe de Cambridge, arrivée deuxième au concours du CAV’iT.

Auteur

Joëlle
W. Boisson

Date

03.05.2016

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Les associations d’œnologie se développent dans les campus d’université. Elles multiplient les rencontres et challenges inter-grandes écoles. Un nouveau terrain d’excellence ?

Vendredi 29 avril, 9h30. Un bus se gare dans la cour d’honneur du champagne Ruinart. A l’intérieur, on parle anglais, français, pour une demi-douzaine de nationalités. Des têtes bien pleines et bien faites, mais aussi des palais bien affutés : 9 grandes écoles et universités européennes* prêtes à se mesurer au cours du CAV’iT, challenge œnologique organisé par les élèves-ingénieurs d’Agro ParisTech.

Au programme : accueil personnalisé et visite privilégiée par la maison Ruinart, conférence scientifique de haut vol sur les arômes du vin (Rémi Guerin-Schneider, Institut Français de la Vigne et du Vin) et surtout, compétition inter-grandes écoles combinant questions théoriques et dégustation à l’aveugle, sous la présidence de Frédéric Panaïotis, chef de caves de Ruinart et ancien d’Agro Paris Tech.

Des pros de l’oeno

On connaissait les compétitions sportives entre grandes écoles. Les voici désormais prêtes à défendre leurs couleurs sur un nouveau terrain, l’œnologie. Car depuis dix ans, les clubs de dégustation (pardon, les « wine comitees ») ont fait florès dans les établissements supérieurs, devenant très sélectifs. Jugez plutôt : a HEC, ce sont plus de 80 étudiants qui postulent en première année pour rejoindre la quarantaine de membres du HEC Grand cru. A Polytechnique, 50 « happy few » intègrent l’X-Œnologie. Quand à l’association Dauphine Œnologie, elle propose 40 places à chaque dégustation thématique pour ses 140 adhérents.

Toutes ces associations œnologiques sont devenues des organisations à part entière, et leur président, un vrai chef d’orchestre : gestion d’un calendrier de dégustations, invitation des propriétés et vignerons, organisation de voyages dans le vignoble et désormais, pilotage de conférences ou concours internationaux ! « C’est un travail de 9 mois, un véritable stage ! », souffle Adrien Moreau d’Agro Paris Tech qui a piloté cette année le concours CAV’iT.

La professionnalisation va encore plus loin. Sup’ de Coteaux d’EM Lyon Business School a sollicité les cours des sommeliers Frédéric Schaaf et Camille Blanc. HEC reçoit les conseils de Jean-Michel Duluc, ex-sommelier du Ritz. A Oxford et Cambridge, les nouveaux oenophiles sont « tutorés » par les anciens, certains devenus entretemps professionnels du vin ou master of wine. Les dégustations s’enchaînent généralement de manière hebdomadaire, mais lors des semaines qui précèdent leur combat des chefs en février, Oxford et Cambridge s’entraînent jusqu’à 3 fois par semaine à la dégustation à l’aveugle ! Les équipes dédiées aux concours se transforment en vrais athlètes de la dégustation…

Un enjeu universitaire

Comment les universités perçoivent-elles cet intérêt œnologique sur leurs campus ? Plutôt positivement, à en croire les subventions accordées au fonctionnement de ces associations, à l’instar d’autres activités. Plus encore, chez plusieurs grandes écoles, les membres oenophiles sont même chargés de former à l’œnologie les professeurs et étudiants étrangers du campus !

« Les écoles se repositionnent dans leur rapport aux élèves, souligne Margot Arrault, directrice de la communication d’Agro Paris Tech, venue à Reims soutenir son équipe organisatrice. Qui mieux que nos élèves peuvent incarner et faire parler de notre école au travers de leurs initiatives. A nous d’inscrire ces actions dans une démarche professionnelle, pérenne, et prolonger les initiatives étudiantes dans des relations écoles-entreprises. »
Un partenariat qui dans le cas présent, sait parfaitement joindre l’utile à l’agréable !

*Ecoles et universités présentes.
France :
Polytechnique, l’Essec, Montpellier Sup Agro, EM Lyon, Dauphine, HEC, ENS.
Etranger : Cambridge, l’Ecole hôtelière de Lausanne.