Accueil La famille de Boüard parie sur le monocépage à Bordeaux

La famille de Boüard parie sur le monocépage à Bordeaux

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

25.09.2018

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Co-propriétaire du célèbre château Angélus à Saint-Emilion, Hubert de Boüard et sa famille ont initié une nouvelle gamme de vins de cépage en 2016. Une approche décomplexée et proche des attentes des consommateurs.

Angélus et son carillon, devenu 1er grand cru classé A en 2012, aurait pu devenir une tour d’ivoire pour la famille de Boüard. Mais tel n’est pas l’esprit de cette famille qui, loin de s’enfermer dans un cocon prestigieux, s’ouvre vers de nouveaux vignobles et de nouvelles expériences. Cette curiosité a été inculquée par Hubert de Boüard à ses 3 enfants, Coralie, Stéphanie et Mathieu. Déjà, lors des déjeuners familiaux à Angelus, les vins de Bordeaux n’étaient pas les seuls à être honorés. La Bourgogne aussi y avait droit de cité, tout comme les vins d’autres grands vignobles. Et avec eux, de nombreux échanges et questions dont Mathieu reconnaît aujourd’hui l’importance. Une manière évidente pour le père de favoriser l’ouverture d’esprit de ses enfants. Adultes, ils iront ainsi parcourir le monde au gré de stages, de l’Espagne aux Etats-Unis, de la Thaïlande au Liban. Revenus à Saint-Emilion, ils participent tous aujourd’hui au développement des propriétés familiales. Angelus, bien sûr, mais aussi la Fleur de Boüard, très bon Lalande-de-Pomerol racheté par Hubert en 1998. Là aussi, l’envie de créer est forte et donnera naissance à la cuvée Le Plus de la Fleur de Boüard. Un vin d’une densité et d’un soyeux fous, issu de très vieilles vignes de merlot plantées sur une croupe argilo-graveleuse. Coralie, qui a pris la direction du château en 2014, a également racheté le château Clos de Boüard en Montagne-Saint-Emilion.

Et maintenant les vins de cépages

Dans cette constante marche en avant, une nouvelle voie a été ouverte en 2016 avec le lancement d’une gamme de vins de cépages baptisée « Hubert de Boüard ». L’envie initiale, explique Hubert, était de faire découvrir aux consommateurs l’expression de purs cépages, eux qui sont habitués aux vins bordelais issus d’assemblage. Mais aussi, proposer des vins de plaisir, facilement accessibles. Ainsi 30 hectares des vignes ont été plantés de cabernet sauvignon, cabernet franc, merlot et de chardonnay ! Un choix original mais qui s’explique notamment par l’expertise acquise après plusieurs années à participer à l’élaboration des chardonnays du château Puy Redon. A cela s’ajoutent des vignes de sémillon et de sauvignon dont sont achetés les raisins. Les cuvées produites présentent in fine un même charme évident, fait de simplicité et de délicatesse. Le sauvignon 2017 est flatteur, légèrement exotique et pas trop variétal. Le chardonnay 2017 se prend pour une ballerine et virevolte sur ses pointes avec légèreté, contrairement au 2016 qui s’avère plus complexe et structuré. Le merlot est d’un fruité gourmand et le cabernet franc affirme sa personnalité un brun plus sauvage mais en sachant rester policé. A 15€ la bouteille (20€ pour le chardonnay), difficile de résister. De la jovialité mise en bouteille, celle-là même avec laquelle ils ont été produits. Autant dire que l’on guettera la sortie prochaine de la version pure syrah, ainsi que du rosé et de l’effervescent. Quant au pinot noir, eh oui, ce ne sera pas pour tout de suite. Les quelques vignes plantées ont donné cette année 200 bouteilles. Si la dégustation confirme les attentes, d’autres vignes seront plantées. Du pinot noir du côté de Saint-Emilion ? L’audace façon de Boüard.