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La nouvelle liste des crus bourgeois se dévoile

Auteur

La
rédaction

Date

18.09.2012

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Révisée chaque année à l’issue d’un examen supervisé par un organisme indépendant, la liste des crus bourgeois du Médoc pour le millésime 2010 doit être officiellement dévoilée aujourd’hui. Voici les premiers échos en exclusivité : 260 vins reçoivent la prestigieuse mention, dont 22 nouveaux entrants.

C’est une habitude à prendre : tous les ans, à la rentrée de septembre, professionnels du vin et amateurs découvrent la nouvelle liste des crus bourgeois du Médoc. Elle est révélée aujourd’hui dans la presse et demain sur le site de l’Alliance, structure qui les fédère. Elle sera présentée demain aux professionnels bordelais, jeudi à Paris et vendredi à Londres.

Rappelons que les crus bourgeois – terme valorisant utilisé depuis des décennies en Bordelais – ne font plus l’objet d’un classement (comme Saint-Émilion ou les Graves, par exemple). Le dernier classement de 2003 ayant été invalidé par la justice en 2007, responsables et pouvoirs publics ont changé de stratégie. Place, désormais, à une sélection annuelle. Tous les ans, les compteurs sont remis à zéro, et les candidats repassent un examen lourd, supervisé par un organisme indépendant.

« Nous avons désormais un noyau dur de crus bourgeois. Après une période difficile, la mention est remise sur les rails », estime Frédéric de Luze, propriétaire du château Paveil de Luze (AOC Margaux) et président de l’Alliance.

Après la sélection des millésimes 2008 et 2009, c’est celle du millésime 2010 qui est connue aujourd’hui (deux ans de décalage). Ces vins rouges arrivent sur le marché (notamment dans les foires aux vins) après leur période obligatoire de vieillissement. La nouvelle liste compte 260 noms (sur 309 candidats au départ) ; c’était 243 pour le 2008 et 246 pour le 2009.

Ces vins – dont le cœur de marché est entre 6 et 20 euros la bouteille – proviennent de sept AOC médocaines : Médoc, Haut Médoc (c’est la grande majorité à elles deux), mais aussi Listrac, Moulis, Margaux, Pauillac et Saint-Estèphe. Soit un total, important, de 4 400 hectares de vignes (un gros quart de la surface viticole de la péninsule) pour 32 millions de bouteilles mises sur le marché partout dans le monde. Directement par le producteur (ou la cave coopérative) ou via le puissant négoce de la place bordelaise.

Dans la liste, de nombreuses valeurs sûres (châteaux Loudenne, Preuillac, Patache d’Aux, Vieux Robin, Cambon La Pelouse, d’Agassac, Petit Bocq, Tour des Termes…) mais aussi 22 entrants par rapport au millésime 2009 (châteaux Lamothe-Cissac, Charmail, Bernadotte, Sénéjac ou Tour de Pez).

Réformer le système

Il y a eu aussi des sortants – le propre d’une remise en cause annuelle – et c’est là que le bât peut blesser. « Comment assurer un suivi commercial avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête ? La clientèle, surtout étrangère, est parfois déconcertée », assure un négociant.

Du coup, la réforme de la reconnaissance pluriannuelle de la mention « cru bourgeois » est en route. La décision doit être prise avant septembre prochain, avec des modalités à trouver. Un château retenu plusieurs années cru bourgeois pourrait avoir cette mention automatiquement reconduite pour une période donnée, avant nouvel examen. Ce qui donnerait une plus grande lisibilité commerciale.

L’Alliance et les pouvoirs publics réfléchissent également à une autre évolution : réintroduire une hiérarchie. Il n’existe plus aujourd’hui qu’un seul niveau, contre trois autrefois (cru bourgeois, supérieur, exceptionnel).

Un sticker sur les bouteilles

En attendant ces réformes, tous les crus bourgeois 2010 arrivent sur les tables avec un sticker d’authenticité (société ATT) apposé sur les bouteilles. Une nouveauté systématisée cette année. « Il comporte un code unique qui garantie au client l’origine du produit. C’est une parade à la contrefaçon. Il ne peut y avoir sur le marché plus de bouteilles de crus bourgeois que celles reconnues lors de l’examen », détaille Frédérique Dutheillet de Lamothe, directrice de l’Alliance, qui rentre de Chine, où une délégation de 50 vignerons a fait goûter des crus bourgeois à 2 000 professionnels dans quatre villes.

César Compadre