L’art et la manière du bois chez Edouard Brun & Cie

Petite maison de champagne familiale, Edouard Brun & Cie vinifie en fûts de chêne ses propres pinots noirs. Même en petite proportion, ils apportent une touche de caractère aux assemblages.

Voici une maison familiale qui perpétue la tradition des vinifications en fûts de chêne telles qu’on les pratiquait autrefois, alors que l’inox n’avait pas envahi les chais. Chez Edouard Brun & Cie, un parc d’une centaine de fûts sert à vinifier les pinots noirs grands crus et premiers crus des vignes maison, qui entrent ensuite dans les assemblages de toutes les cuvées hormis le blanc de blancs. « Attention, on ne recherche pas le goût boisé ni les fûts neufs, prévient Philippe Delescot qui pilote les vinifications. On veut plutôt apporter un peu plus de gras et de matière à des vins qui ont déjà du caractère et qui sont en quelque sorte nos « épices » dans les assemblages ».

Pas de phénomène de mode donc et pour prouver sa constance, Edouard Brun & Cie montre volontiers son « ascenseur à fûts » datant de 1925 et toujours en activité. La maison se définit malicieusement comme « moderne depuis 1898 ».

Des hommes faits du même bois

Edouard Brun & Cie perpétue aussi bien la tradition du bois que celle de la famille. Créée à la fin du XIXe siècle par un tonnelier (sic !), la maison s’est transmise de père en fille sur 3 générations. C’est aujourd’hui un vignoble de 9 hectares de vignes principalement en pinot noir sur Aÿ et la montagne de Reims. 200 000 bouteilles vendues chaque année en réseaux traditionnels, à l’export et clientèle particulière.

Lorsqu’ils sont arrivés sur le domaine, Philippe et Emmanuel Delescot se sont attachés à élargir la gamme (20 – 45 €) en développant des produits spécifiques et en introduisant notamment le chardonnay dans les assemblages.

Dernier né en date, le brut nature (52 €) a retenu notre attention. Par son packaging tout d’abord, d’un bleu métallique « polaire » original qui s’associe bien à l’idée de fraîcheur et de pureté du non-dosage. Par la dégustation ensuite. Les 65 % de chardonnay sont très perceptibles au nez – crayeux, silex, amande grillée – et donnent une bouche tendue, citrus et prunelle sauvage. Étonnamment, la finale est plus arrondie malgré l’absence de dosage. Peut-être les pinots maison vinifiés en fûts de chêne apportent-ils justement là leur touche personnelle ?

J.W.B.