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Le Château Angélus carillonne

Auteur

La
rédaction

Date

25.10.2012

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Hier matin, l’archevêque de Bordeaux a béni les cloches du campanile du Château Angélus. Deux bourdons de 700 et 305 kilos se dressent désormais à près de 15 mètres au-dessus du nouveau premier grand cru classé A, et se font entendre dans toute la région de Saint-Emilion.

Hubert de Boüard de Laforest remercie Mgr Ricard, archevêque de Bordeaux, pour son intervention auprès du Très-Haut. Le cardinal sourit. Il le confesse pourtant : le lever du rideau de brouillard sur ce premier grand cru classé A de Saint-Émilion à l’instant même où doit débuter la bénédiction des cloches qui surplombent dorénavant le vignoble, il n’y est pour rien.

Timing divin pour Éric Le Collen, chargé de la scénarisation de l’événement, hier en fin de matinée, au cours duquel l’artiste lyrique Sharon Coste a interprété l’« Ave Maria » pendant que des danseuses, posées comme des libellules sur les vignes, dansaient avec grâce. On a bien failli ne rien voir de tout cela.

Car, quelques minutes auparavant, cette satanée brume d’automne, épaisse comme un mystère biblique, obstruait la totalité du paysage. Et surtout la vue sur les cloches depuis le belvédère du Château Bellevue, autre propriété d’Hubert de Boüard de Laforest, que ce dernier gère conjointement avec la famille de Lavaux.

Bénédiction en nacelle

C’est en effet depuis cet endroit stratégique que les invités – élus de la région, journalistes, négociants – devaient suivre cette bénédiction de 26 minutes. Le cardinal en convenait aussi. C’était la première fois qu’il bénissait des cloches dans une propriété viticole, et qui plus est dans une nacelle, porté aux nues entre ciel et terre en compagnie, entre autres, du prêtre de la paroisse de Saint-Émilion, l’abbé de Rozières.

De ce point culminant à près de 15 mètres, au-dessus de la cour du château Angélus, l’archevêque de Bordeaux a donc sanctifié Angélus, un beau bébé de 700 kilos, et Émilion, son petit frère de 305 kilos. Les parrains se nomment Jacques et Christian de Boüard de Laforest, père et oncle de Hubert, associé, lui, à Jean-Bernard Grenié.

Les deux bourdons jumeaux dominent un carillon de 18 autres petites cloches qui peuvent jouer 150 airs différents, de « L’Hymne à la joie » à « Que les cloches sonnent » en passant par tous les hymnes nationaux. Ce bel ensemble campanaire a été coulé par la fonderie Paccard, en Haute-Savoie, spécialiste mondialement reconnu, surnommé le « Stradivarius de la cloche ».

À Saint-Émilion, Angélus et Émilion battent désormais leurs flancs arrondis en sol pour l’un, en do pour l’autre, trois fois par jour à 7 heures, midi et 19 heures. Ajoutant ainsi leurs partitions aux cloches de l’église de la cité médiévale, à celles de la chapelle de Mazerat et de l’église Saint-Martin de Mazerat. Car, jusqu’à ce 24 octobre 2012, Angélus, malgré ce nom sonore emblématique, ne possédait pas de cloche dédiée à la Vierge Marie. Le château doit son nom au fait qu’il forme un amphithéâtre naturel où les sons s’amplifient.

D’importants travaux

La construction de ce campanile s’inscrit dans le cadre de travaux de rénovation importants (7 millions d’euros) supportés financièrement par les familles, et dont les plans ont été confiés aux architectes Jean-Pierre Errath et Arnaud Boulain. Ils ont débuté en février dernier, bien avant que soit connu le nouveau classement de Saint-Émilion qui a propulsé le château Angélus dans le top quatre des premiers grands crus classés A.

Si l’on en croit Hubert de Boüard, quelques bouteilles d’Angélus devraient enrichir bientôt la cave de l’évêché de Bordeaux.

Alain Montanguon