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Les Chinois veulent de plus en plus investir à Bordeaux

Auteur

La
rédaction

Date

17.01.2013

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Dans le vignoble bordelais, la présence chinoise se renforce dans les achats de propriété, même s’ils n’ont pas d’exclusivité : certains font de la résistance, comme au Château Godeau (Saint-Émilion).

A Saint-Émilion, le château Godeau, propriété de 5, 65 hectares en appellation Saint-Émilion grand cru, vient d’être acquis par Alberic et Agnès Florisoone. Elle était jusque-là propriété de l’américain Steve Filipov. Dans le contexte actuel des ventes de propriétés viticoles, le jeune couple fait un peu figure d’extraterrestre. Pas parce que Alberic comme Agnès (héritière de la famille Capbern Gasqueton qui a vendu il y a quelques mois le château Calon-Ségur, fleuron de Saint-Estèphe à la société Suravenir Assurances) ont quitté le Médoc pour Saint-Émilion. Même si cela peut encore surprendre. Mais parce qu’ils ne sont pas chinois.

Les acheteurs de châteaux viticoles bordelais venus de l’empire du Milieu ont en effet souvent attiré l’attention ces derniers mois. Récemment, c’est le château de Lugagnac, à Pellegrue, qui a été acquis par un groupe chinois. Quelques semaines plus tôt, le château Bernadotte (Haut-Médoc) a été cédé par la maison Champagne Louis Roederer au groupe hongkongais King Power. En trois ans, une trentaine de transactions ont été réalisées avec des acheteurs chinois. « C’est un phénomène bien réel et qui va probablement se poursuivre », analyse Olivier Vizerie, de l’agence Millésime immobilier, affiliée au réseau Vinea, spécialiste des transactions de vignobles.

« On reçoit cinq ou six appels par jour au nom de Chinois susceptibles d’acheter un vignoble, poursuit Olivier Vizerie. Mais on voit fleurir toute une série d’intermédiaires non-professionnels. Il faut être attentif pour identifier les propositions crédibles. J’ai moi-même fait l’expérience de deux transactions annulées faute de professionnalisme des intermédiaires. Heureusement, il existe des interlocuteurs chinois crédibles et bien identifiés. Le plus souvent, ils sont d’ailleurs représentés en France par des avocats ou des notaires. »

En quête de grands crus

Olivier Vizerie recevra d’ailleurs la semaine prochaine les représentants d’un important groupe chinois, coté en bourse et désireux d’investir dans la vigne entre 15 et 20 millions d’euros. « Après l’achat de propriétés produisant du vin de moyenne gamme et souvent mises en vente depuis longtemps, on voit aujourd’hui des gens qui souhaitent acquérir des grands crus classés. Le phénomène a commencé avec Bellefont-Belcier, premier grand cru classé de Saint-Émilion en novembre dernier. »

Pour Olivier Vizerie, l’intérêt des Chinois pour Bordeaux est certainement durable. « Mais ce sont de très bons négociateurs. Une transaction n’est certaine que lorsqu’elle est signée et payée. » En revanche, il estime qu’avec les interlocuteurs identifiés, la confiance est de mise. « La provenance de l’argent est toujours justifiée et autorisée par le gouvernement chinois. »

Pour lui, la clientèle en quête de propriétés viticoles girondines, est aujourd’hui chinoise pour la moitié et pour l’autre moitié française, européenne ou d’autres pays du monde.

Jean-Pierre Tamisier
Photo Vinexpo