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Livres & Vins : Sardou et Giesbert en Terres des Templiers

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

12.06.2017

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Le prix du roman médiéval initié l’an dernier par l’union coopérative Terres des Templiers, producteur de Banyuls et Collioure, a pris en 2017 une dimension européenne. Le jury présidé par Romain Sardou a récompensé Franz-Olivier Giesbert pour son « Belle d’Amour ». L’occasion pour les deux écrivains de nous raconter leurs plus jolis souvenirs de vin…

Quand le Cellier des Templiers s’est penché sur le renouveau de la cave et de la marque il y a près de trois ans, elle est devenue Terres des Templiers, donnant une image plus glamour et historique à cette union de coopératives de Banyuls qui regroupe désormais 650 vignerons sur 850 ha. Elle a réaffirmé son choix de vente directe (80% des ventes) avec un réseau de 150 commerciaux quelque peu rajeunis et réorganisés, faisant fi des critiques de « has been ». La vente directe a fait incontestablement le succès de l’union coopérative dans les années 70 et forte d’une clientèle fidèle et désormais renouvelée, elle a maintenu le cap jouant, avec un jeune directeur marketing dynamique (Damien Malejacq) et un brillant mais discret maitre de chai (Jauffrey Canier), la carte de la cure de jouvence du contenu et surtout du contenant réaffirmant des valeurs d’authenticité et d’histoire.

Vin et littérature

Au détour d’une conversation, l’idée est née d’associer l’historique de la cave et celui des Templiers, le vin et la littérature en créant un prix du roman médiéval. Une idée audacieuse en particulier de la part d’une cave viticole. Celle-ci a trouvé la bonne interlocutrice en la personne de Joëlle Chevé, historienne déjà organisatrice du prix Historia du roman historique, d’autant plus sensible à l’idée qu’elle passait ses vacances à Collioure et Banyuls depuis son enfance. Il n’a guère été plus difficile de convaincre Romain Sardou, auteur de romans médiévaux et bon vivant, de présider en 2016 le jury du premier prix du Roman Médiéval. En 2017, la manifestation est devenue le prix Européen du Roman Médiéval toujours présidé par Romain Sardou qui s’est entouré pour étoffer le jury de Franck Ferrand, auteur et journaliste, Nicolas D’Estienne d’Orves, écrivain et journaliste et Laurent Vissière, maître de conférence en histoire médiévale à La Sorbonne, « notre grand inquisiteur qui piste les erreurs et les chausse-trappes de l’histoire médiévale » selon les propres termes de Romain Sardou. Après plusieurs mois de lecture des 15 romans en compétition, le prix 2017 a finalement été attribué à Franz-Olivier Gisbert pour Belle d’Amour (Gallimard), l’épopée de Tiphanie en un magnifique destin de femmes dans le Moyen-Age au temps des croisades. L’occasion de découvrir lors de la remise du prix les dernières cuvées de la cave, notamment la gamme éphémère Extrême en AOC Collioure, coup de cœur du maître de chai et hommage dans les trois couleurs au millésime 2016 exceptionnel , et le superbe banyuls grand cru L’Absolu 2003.

Nous avons demandé à Romain Sardou et Franz-Olivier Giesbert s’ils aimaient le vin et leurs plus belles émotions en la matière.

Romain Sardou :
« Au départ, je suis davantage un buveur de whisky ; je trouve le monde du vin très compliqué et j’ai eu peur de ne jamais pouvoir en faire le tour tandis qu’en 20 ans, je me suis fait une idée des 300 whiskies écossais et repéré la quarantaine de flacons, plutôt tourbés, qui me plaisait. Aujourd’hui, j’aime de plus en plus le vin, plutôt des rouges charpentés – la cave des Templiers m’a d’ailleurs fait goûter de jolis collioures rouges – bien que je me souviens avoir adoré un jour avec un foie gras un gewurztraminer en vendanges tardives et d’être tombé littéralement amoureux du blanc Silex de Dagueneau. Une œuvre d’art ! Le sommelier Fabrice Sommier chez Georges Blanc m’a fait souvent découvrir de très jolis vins. Je me rappelle aussi des diners de tournée de mon père qui étaient une fête à chaque fois. Un truc de saltimbanque mémorable. A l’époque, on faisait souvent la fermeture des restos. Je n’ai plus de cave faute de temps pour l’entretenir mais mon père en avait une magnifique et il y a 6 ou 7 ans, il s’est rendu compte en la rangeant qu’il allait perdre quelques jolies bouteilles, alors on a passé cet été-là à boire de grands vins à tous les repas ! »

Franz-Olivier Giesbert :
« La littérature a donné beaucoup d’écrivains alcooliques, quasiment tous les écrivains américains d’ailleurs. L’idée d’associer vin et littérature était donc une idée tout à fait légitime. Quand j’étais petit, j’adorais finir les verres des grands et à 14 ans, j’avais le droit de boire un verre de temps en temps. C’est comme ça que j’ai fait mon éducation. Je me suis d’abord intéressé aux bordeaux – les pomerols, les pauillacs… – je me souviens d’un beau saint-julien partagé avec l’écrivain Julien Green dont j’étais proche – puis aux bourgognes – j’adore le gevrey-chambertin. Je n’ai découvert que beaucoup plus tard, après 50 ans, les autres régions comme la vallée du Rhône – j’apprécie particulièrement les gigondas et les vacqueyras, les coteaux d’Aix, mais également les vins de Saumur à l’excellent rapport qualité-prix, puis les vins chiliens, espagnols, italiens (notamment le nero d’avola)… Joêl Robuchon m’a fait découvrir le grenache. Toujours des rouges en tout cas. Je n’aime pas le rosé, je ne bois plus de blanc après quelques crises de goutte mais j’adore les grands champagnes. Je vais pouvoir profiter des jolis banyuls 1978 que la cave m’a offert pour le Prix. Mais il faut reconnaître que je suis assez infidèle. Je ne bois pas en écrivant mais comme je suis insomniaque, je déguste parfois quelques verres avant de m’endormir et je trouve l’inspiration le lendemain… »