Accueil [Lyon Tasting] Petit Val dans la cour des grands

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

11.11.2018

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Parmi les Bordelais présents pour la première fois à Lyon Tasting : Château Petit Val, dynamique propriété en Saint-Émilion Grand Cru. Une belle aventure collective pilotée par la famille Alloin et leur directeur David Liorit.

Il faut savoir parfois prendre son bâton de pèlerin pour partir à la conquête de nouveaux territoires, même s’ils ne sont pas si lointains. Pour les Bordelais présents ce week-end en terres lyonnaises pour la seconde édition de Lyon Tasting, le challenge est relevé : séduire les amateurs et professionnels locaux qui ont un « tropisme » naturel pour les vins de la vallée du Rhône, du Beaujolais et de la Bourgogne. « Pour notre première participation, notre impression est très positive », s’enthousiasme David Liorit, directeur du château Petit Val en appellation Saint-Émilion Grand Cru. « Spontanément, les visiteurs de Lyon Tasting vont plutôt vers les vins du Rhône et c’est compréhensible, mais les bordeaux ont leur carte à jouer. En ce qui nous concerne, nous avons pris le parti de produire des vins digestes, accessibles dans leur jeunesse, ce qui bouscule l’image des vins de Bordeaux que l’on garde des années en cave ou que l’on n’ouvre que pour les grandes occasions ».

Le château Petit Val est né de la rencontre de David Liorit avec Jean-Louis et Olivia Alloin, il y a quelques années, dans le cadre d’un GFA (groupement foncier agricole) sur la rive droite de Bordeaux. Passionnés de vin mais pas originaires de la région (Jean-Louis est du Beaujolais, Olivia vient d’Alsace), ces entrepreneurs à la tête d’une société de transports voulaient investir dans leur propre domaine. Ils ont donc demandé à David Liorit de se mettre en quête de la bonne opportunité. Six hectares étaient à vendre en 2014 sur l’appellation Saint-Émilion Grand Cru, un « vignoble en sommeil » qu’il fallait réveiller. David Liorit, formé chez l’œnologue Stéphane Derenoncourt, prend les choses en main. L’année suivant, six nouveaux hectares sont acquis sur les coteaux et terroirs argilo-calcaires de Saint-Émilion. Le temps de remettre le vignoble d’aplomb, de passer en culture labellisée « Terra Vitis » (ni insecticides ni désherbants, travail des sols au cheval dans les coteaux, plantation de céréales entre les rangs…), d’installer des ruches, une truffière, de revoir le style des vins, des élevages (y compris en amphores), de dessiner des étiquettes au graphisme original… en quatre ans seulement le château Petit Val a entamé une nouvelle vie. Bien sûr, le millésime 2017 et son douloureux épisode de gel est passé par là, mais cela n’aura pas ralenti la courbe de progression de ce domaine franc-tireur, qui a choisi de gérer sa commercialisation sans passer par la place de Bordeaux ni par la grande distribution. « Cela nous oblige à un travail de fond auprès des cavistes, des sommeliers, des importateurs, mais c’est un exercice passionnant qui nous permet de cultiver notre singularité », explique David Liorit.

Cette singularité se vérifie à la dégustation. Après un 2014 sur la tension mais encore un peu austère, le 2015 se révèle épicé, expressif, gourmand, et 2016, le vrai premier « bébé » de David Liorit et des Alloin, se montre précis, ciselé, tendu, juteux (prix indicatif 25 €). L’expression même de ce que l’équipe souhaite accomplir avec ses vins. La gamme se complète d’une « grande cuvée » produite en vinification intégrale, 50% merlot 50% cabernet franc, la Muse de Petit Val (prix indicatif 50 €). Un style plus opulent, plus tannique aussi, qui demande encore à être attendu mais affiche un beau potentiel de garde. Sans oublier un rosé, produit pour la première fois en 2016 et qui trouve progressivement son public.

Jamais en retard d’une idée, le château Petit Val lancera l’année prochaine la production d’un blanc, à base de cépage… riesling. C’est ici que les racines alsaciennes d’Olivia Alloin se manifestent. A quand du gamay pour Monsieur ?