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Maison Camus : du cognac sur les flots

Auteur

Jean-Charles
Chapuzet

Date

29.11.2018

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C’est à bord du voilier le Gallant que les fûts de cognac de la maison Camus se sont expatriés vers la Barbade.

Les dix tonneaux, sagement entreposés dans la soute à cartouches, vont connaître un voyage de quelques semaines avant de rester un an dans les chais de la Distillery Foursquare tenue par Richard Seale et célèbre pour ses grands rhums. Parti du vieux port de La Rochelle il y a quelques jours, le retour est prévu au mois d’avril 2020. La « Caribbean expedition » a pour objectif d’explorer les limites de l’élaboration du cognac. Dans l’esprit du finishing, cher au maître de chai et directeur de la maison Camus Patrick Léger, cette expérience est avant tout gustative. « Camus a décidé de s’engager dans un voyage transocéanique aux Caraïbes pour faire transporter uniquement grâce à la force du vent, certains fûts de son meilleur cognac et ainsi les soumettre à un processus de maturation complémentaire totalement novateur : en commençant par une exposition aux conditions océaniques, puis tropicales, pour obtenir enfin une eau-de-vie au profil gustatif sans précédent, explique-t-il. Durant le 18ème siècle, et une bonne partie du 19ème siècle, le transport de l’eau-de-vie se faisait par bateau vers le monde entier, les fûts de chêne quittant leurs chais en France pour atteindre leur destination finale après des mois de navigation. À la fin du siècle, l’introduction de bouteilles en verre et l’application d’une réglementation propre à l’AOC Cognac, ont totalement révolutionné le commerce pour les maisons de cognac ».

Ainsi, après une maturation océanique, les eaux-de-vie vont connaître une maturation tropicale. La première est sujette à la houle, accélérant sans doute l’extraction des composants aromatiques du chêne vers le cognac. L’influence océanique comme les variations de la pression de l’air sont suivies à la loupe. Enfin la maturation tropicale concerne surtout le degré d’humidité qui est en moyenne de 72%. « La mesure la plus efficace de cette particularité est l’évaporation, qui peut représenter 10% sous les climats tropicaux, contre 2% sur le continent, souligne Patrick Léger. Ce phénomène provoque une accélération du processus de maturation par 2,85 : par exemple, six ans de vieillissement pour un rhum dans les Caraïbes équivalent à 17 ans de vieillissement en Écosse, du point de vue du niveau de remplissage du fût ».

Le magazine Terre de Vins scrute l’horizon et reste attentif au retour du voilier pour déguster comme il se doit les cognacs dans l’espoir que l’équipage – des fous de spiritueux – ne rejoue pas entre-temps le chef d’œuvre de Jacques Perret, Mutinerie à bord. Au-delà, c’est aussi le plaisir des rencontres, du voyage et des paysages par les photographies qui suivent.