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Nouvelle vie au Château L’Enclos

Auteur

La
rédaction

Date

03.09.2013

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Stéphane Krochmaluk incarne un rêve universel : tout lâcher, changer de vie et s’occuper des vignes. Ex-ingénieur commercial, il est devenu maître de chai au Château L’Enclos, à Pomerol.

L’histoire de Stéphane Krochmaluk est une lueur d’espoir, un signe adressé à tous ceux qui voudraient bien mais n’osent pas. Stéphane a 37 ans, dont les trois quarts passés aux Ulis, une cité de l’Essonne où les centres commerciaux et les tours ont laissé peu de chances aux arbres séculaires. Sa vie a longtemps été rythmée par le RER à partir du jour où, un bac en poche, il a trouvé un premier job à Nature et Découvertes. Il y deviendra responsable adjoint de la boutique du Carrousel du Louvre. Stéphane Krochmaluk ne croule pas sous les diplômes. Sa modestie le pousse à se décrire comme « pas très talentueux », mais, nuance-t-il, « quand on se décarcasse, on évolue vite ».

Ainsi, en se décarcassant, il entre dans une société informatique sur les Champs-Élysées. BTS action commerciale en alternance, master 2 en marketing commercial… Stéphane travaille comme ingénieur commercial, puis responsable marketing. L’ascenseur social a fonctionné à merveille mais, du haut des étages, les senteurs de la terre lui manquent. « C’était un métier très virtuel, se souvient-il. Il manquait des valeurs, des choses simples que ces amas de diodes et d’électronique ne peuvent pas transmettre. » Quand arrive son premier enfant, Manon, Stéphane a 32 ans. C’est l’heure du doute. Quitter Paris, certes, mais pour quoi faire ? La famille débarque à Bordeaux. Il y fait bon vivre, semble-t-il.

Au Pôle emploi, Stéphane Krochmaluk, qui a toujours envie de retrouver des racines, ose. « J’ai proposé de faire la taille des vignes en hiver. La personne qui suivait mon dossier est tombée de sa chaise ! Je voulais voir le plus difficile. J’avais froid. J’ai perdu 8 kilos en deux mois mais j’ai aimé. »

Un déclencheur

L’autre déclic viendra avec « Terre de vins ». Nous sommes en 2009, au moment de Vinexpo, et Stéphane découvre que le magazine recherche un lecteur pour participer à une dégustation consacrée aux vins du Sud avec les experts Bettane et Desseauve, la rédactrice en chef, Sylvie Tonnaire, le « winemaker » Derenoncourt… Stéphane écrit au magazine une lettre pleine d’envie et d’humilité. La porte s’ouvre alors sur « cette cathédrale inaccessible qu’est Vinexpo. “Terre de vins” a été un déclencheur. Je me suis dit, “Voilà enfin un domaine dont je ne pourrai jamais faire le tour” ».

Il poursuit son chemin, plus déterminé que jamais. Direction Blanquefort (33) pour un BTS viti-œnologie. Encore faut-il trouver un château qui l’accepte en alternance. « Stéphane Defraine, du Château de Fontenille, l’a fait. Il a eu ce courage. Les autres ont eu peur. Pour eux, j’étais un extraterrestre. » Quand, en 2011, sonne l’heure du travail, il tombe sur une annonce du Château L’Enclos. Là encore, les portes se ferment, mais Stéphane passe par la fenêtre. « J’ai pourri la vie à Éloi Jacob, le directeur technique, pour qu’il me prenne. Je sentais que cette annonce était pour moi. »

Cela fait deux ans aujourd’hui que Stéphane Krochmaluk y exerce le métier de maître de chai. « Il a fait mieux que relever le défi, commente Jean-Christophe Meyrou, directeur de Château L’Enclos et de Château Fonplégade. Il avait une telle motivation ! Il a accepté d’arriver par la petite porte, d’être à l’écoute. Notre objectif est maintenant de l’installer comme numéro un du Château L’Enclos et de valoriser son poste. Avec le Château L’Enclos, nous avons un vrai potentiel. »

Stéphane, qui a accepté de diviser son salaire parisien par trois, est persuadé aujourd’hui d’avoir « un destin commun avec Château L’Enclos ». Krochmaluk croque la vie. L’ascenseur social passera de nouveau, mais restera cette fois tout près du sol et de cette terre « qui me permet de regarder passer les oies sauvages et d’observer les saisons. Je suis heureux ».

Rodolphe Wartel (source)

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