Accueil Vendanges chez les grands crus du Médoc : peau hâlée pour le cabernet

Vendanges chez les grands crus du Médoc : peau hâlée pour le cabernet

Auteur

Yohan
Castaing

Date

13.10.2018

Partager

Si en rive droite, certains ont eu la bonne idée de vendanger relativement tôt les merlots pour garder la tension et la netteté du fruit, les vignerons de la rive gauche, région à dominante de cabernet-sauvignon, ont eu tout le loisir de laisser sur pieds les raisins pour attendre le parfait mûrissement de ces derniers.

Après un tour presque complet du vignoble (la région de Sauternes attend encore quelques brouillards matinaux pour ramasser la vendange), il faut bien avouer que le Médoc a été béni des dieux et a bénéficié à plein de la climatologie exceptionnelle de ces vendanges. Pourtant, cela avait plutôt mal commencé : « C’était 2013 jusqu’au 15 juillet » annonce d’emblée Damien Barton-Sartorius de Château Langoa Barton et Château Léoville Barton à Saint-Julien-Beychevelle. « La fleur a été très regroupée et grâce au travail des équipes nous avons pu tenir bon face aux attaques de mildiou (un champignon qui attaque les feuilles et les fleurs de la vigne, qui n’a pas de conséquence qualitative, mais uniquement quantitative). »

Un sentiment que partage Basile Tesseron de Château Lafon-Rochet à Saint-Estèphe : « Le printemps a été compliqué, en 6 mois nous avons eu l’équivalent de 9 mois de pluie. Début juillet le changement de temps a été radical ce qui nous amène sur des vins proches de 2009 et 2003. Contrairement à 2003, la sécheresse est de surface, elle n’est pas profonde » explique-t-il, ce qui aura pour conséquence de ne pas obtenir des notes de fruits très mûrs comme en 2003.
Toutefois, parler de précocité pour un millésime comme 2018 semble prématuré. « Nous sommes dans un tempo normal » affirme Vincent Millet de Château Calon Ségur à Saint-Estèphe. « Sur le plan analytique, nous sommes identiques à 2015 et 2016, mais les argiles nous ont permis de tamponner les écarts de maturité, d’autant que la pluviométrie a été capricieuse. Nous avons eu 41 millimètres en juillet, 35 millimètres en août et seulement 18 millimètres en septembre avec 12 millimètres tombés le 5 septembre. »

Un petit miracle que ce millésime donne d’aussi beaux espoirs. « C’est un parcours en contraste », insiste Jean-René Matignon de Château Pichon Baron à Pauillac. « Mais ce sont des contraintes comme on les aime avec des vendanges superbes et un effet millésime très marqué ».
S’il est une chose qui est désormais acquise, c’est que 2018 sera singulier ou ne sera pas !