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Provence : un plan de bataille agri-écologique ambitieux

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

07.06.2019

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Dans le contexte de hausse de la production mondiale de rosés et de la consommation, la Provence a mobilisé les acteurs de la filière pour conserver le leadership mondial des rosés. Transition agro-écologique et valorisation sont les mots clés de ce plan ambitieux.

Pour mieux réfléchir et définir une stratégie collective, il a fallu d’abord réunir tous les acteurs de la filière autour de la table, l’interprofession, les appellations, les caves coopératives et particulières, le centre du Rosé et la chambre d’Agriculture. La valorisation souhaitée pour faire monter en gamme les rosés de Provence et diversifier les marchés (près d’une bouteille sur deux est aujourd’hui exportée dont la moitié vers les États-Unis) passe d’abord par l’amont en augmentant le potentiel de production et en soignant le vignoble. « La démarche s’inscrit surtout dans une volonté politique de pilotage global de la production sur un nombre croissant de marchés, insiste Eric Pastorino, président des Côtes de Provence. Mais pour cela, il faut commencer par une augmentation du potentiel de production afin de répondre à la demande, surtout après deux années de faibles rendements ».

60% du vignoble en bio-HVE d’ici 2024

Pour cela, plusieurs solutions sont mises en place en parallèle : une restructuration du vignoble (600 ha par an arrachés-replantés), de nouvelles autorisations de plantations (300 ha par an depuis 2016), des extensions des aires d’appellations (750 ha prévus dont 450 en Cotes-de-Provence) et « une reconquête des surfaces agricoles en mobilisant les friches ou le foncier boisé, notamment pour lutter contre les incendies, précise Nicolas Garcia, directeur des Côtes de Provence. Dans le Var, les trois quarts des surfaces sont encore en espaces naturels pour 12% de surfaces agricoles et 12% de surfaces urbaines. Mais la plus grande ambition de ce plan provençal est de passer 60% des surfaces en bio et HVE soit 25 000 ha – la Provence compte déjà 20% du vignoble en bio – et même 100% d’ici 2030.

Gérer le stress hydrique

Toujours en amont, les vins de Provence ont planché sur un plan un projet de gestion du stress hydrique sur 15 ans. Depuis, l’an dernier, des sondes mesurent de nombreux paramètres dans le vignoble pour mieux suivre l’évolution de la ressource en eau et les réactions de la plante au réchauffement climatique. « Il peut aboutir à des raisins avec moins de sucres, moins d’arômes, moins d’acidité et plus de couleur, ce qui serait inquiétant pour notre production de rosés secs » analyse Brice Eymard, directeur de l’interprofession. « L’irrigation, en collaboration avec le Canal de Provence est une des solutions mais il faut aussi réfléchir à l’évolution des pratiques culturales et de l’encépagement », insiste Didier Pauriol, président des Coteaux d’Aix. En 50 ans, le vignoble est passé de plus de 80% en carignan, ugni blanc et clairette à environ 70% de grenache, cinsault, syrah. Outre les recherches actuelles sur les cépages résistants, des cépages autochtones mieux adaptés à la sécheresse comme le caladoc et le rousselie pourraient être réintroduits dans les cahiers des charges.

De gauche à droite, Thomas Giroud, directeur du syndicat des Coteaux Varois en Provence, Eric Pastorino, président du syndicat des Cotes-de-Provence, Brice Eymard, directeur du CIVP, Nicolas Garcia, directeur du syndicat des Côtes-de-Provence, Jean-Jacques Bréban, président du CIVP, Didier Pauriol, président du syndicat des Coteaux d’Aix-en-Provence et Eric Lambert, président du syndicat des Coteaux Varois-en-Provence.