Accueil Quand le vin fait son cinéma

Auteur

Laura
Bernaulte

Date

22.07.2019

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Deux passionnés de vin et cinéma ont créé leur « cave à film » : quatre cuvées bordelaises aux noms et packaging originaux, en hommage à des films cultes.

« Beaucoup d’étiquettes à Bordeaux se ressemblent. C’est un peu comme si on allait voir un film au cinéma et que toutes les affiches étaient presque les mêmes. » C’est pour casser ce classicisme des étiquettes bordelaises, afin d’aider le consommateur à se repérer et à retenir les nectars qu’il a appréciés, que Marie Ballon et son compagnon Baptiste Bauduin Lauben – avec qui elle dirige la société de production « Mon Ballon Productions » – ont eu l’idée de créer quatre cuvées originales, aux noms et étiquettes décalés, inspirés par des films célèbres. « Ti-tannique » en AOC Bordeaux, « Apocalypse Merlot » en AOC Saint-Émilion, « Rouge Mécanique » en AOC Lalande de Pomerol, « Le Grand Blond avec un raisin noir » en AOC Saint-Émilion Grand Cru… pour mener à bien leur projet, le couple a eu pour terrain de jeu les vignes des vignobles Lavaud, 100 ha et huit châteaux au total, dirigés par Hubert Lavaud, l’oncle de Marie Ballon.

Quatre cuvées, quatre scenarii

En cette première année de sortie en salles… de dégustation, 4500 bouteilles ont été produites. Avec le conseil d’un œnologue, le choix du nom de chaque cuvée (donc de film de référence) a été fait pour rappeler le caractère du vin dans la bouteille, et réciproquement. Pour filer la parfaite association vin-cinéma, la description du vin sur la contre-étiquette prend également la forme d’un synopsis de film.
Si ces quatre cuvées sont dominées par le merlot, dans la tradition des vignobles de la rive droite de Bordeaux, chacune affirme son style propre. Pas de naufrage en vue, mais « une épopée romantique » pour l’entrée de gamme, la cuvée « Ti-Tannique » 2016 (AOC Bordeaux), issue du château des Judes, assemblage à 70% de merlot, 25% de cabernet sauvignon 25% et 5% de cabernet Franc. Élevé en cuve inox, ce vin fruité à la belle fraîcheur se veut « un classique incontournable du bordelais, dont la robe dévoile un océan de fruits rouges, exprimant en bouche une belle souplesse. » Du côté de Saint-Émilion, très précisément au château du Gravillon, « la mission secrète d’Apocalypse Merlot 2016 est simple : rentrer en guerre avec les tannins qui sévissent dans le merlot noir et le cabernet sauvignon », en mettant à l’honneur la gourmandise, qui domine cette cuvée suave et tout en rondeur. Originaire du château de la Vieille Forge, en AOC Lalande-de-Pomerol, « Rouge Mécanique » 2016, assemblage 90% merlot et 10% cabernet sauvignon combine la gourmandise de la cerise et des petits fruits rouges sur une trame en élégance. En Saint-Emilion Grand Cru enfin, le haut-de-gamme « Le Grand Blond Avec Un Raisin Noir » 2015, vinifié à base de 90 % de merlot du château des Graviers d’Ellies, et élevé en barriques durant 12 mois, offre une complexité garante d’une garde certaine. Voilà qui laissera le temps au « club des œnologues, qui désire connaître le secret de ce vin expressif et gourmand […] d’envoyer une espionne s’immiscer dans la propriété viticole d’Hubert Lavaud. Et si le mystère résidait dans un raisin noir? »

Vers un nouveau film

Avec cette gamme à la fois culturelle et décalée, commercialisée dans une fourchette de prix d’environ 9 à 25€, le duo cible « plutôt la tranche de consommateurs de 20 à 40 ans ». Les cuvées sont disponibles dans une sélection de bars à vins et caves bordelais (Le bistrot du fromager, MCV Ma cave à vin, Julo aux halles de Talence, Max Bordeaux), mais aussi parisien (Les Apôtres de Pigalle), ainsi que dans tous les V&B de France, et en ligne sur twil.fr et avenuesdesvins.fr.

En quatre mois, 6000 bouteilles ont déjà été vendues, « un beau départ » se réjouit Baptiste Bauduin Lauben. Si le succès se confirme à l’issue de ce premier millésime de la « cave à film », ses deux créateurs ont encore une bonne dose d’imagination à revendre. « Dès l’an prochain, on voudrait bien faire grandir la gamme, avec notamment un rosé et un blanc en plus des quatre rouges », expose Baptiste Bauduin Lauben. Le co-fondateur projette également de démarcher de nouveaux cavistes en France, de la Nouvelle-Aquitaine à la Bretagne, la Normandie, les Hauts-de-France, ou l’Ile-de-France, en passant par la région PACA. Et pourquoi pas, « à terme, créer carrément une cave thématique ne proposant que ces vins », rêve-t-il tout haut. To be continued… !