Quand Sauternes dévoile ses atouts

À l’initiative des sommeliers d’Aquitaine, avec le soutien du Conseil des Grands Crus Classés en 1855 et de son directeur Sylvain Boivert, les crus classés de Sauternes recevaient, au Château Climens puis à Château Yquem, la sommellerie de Nouvelle-Aquitaine pour la découverte de cette région aux multiples facettes.

Ce fut l’occasion de prendre conscience de l’évolution des vins du Sauternais avec des millésimes 2015 et 2016 de toute beauté. Il est loin le temps où les vins de cette région étaient lourds, denses, très « botrytisés ». Aujourd’hui, les vignerons réalisent des prouesses et s’adaptent parfaitement aux goûts contemporains en réalisant des vins frais et digestes, fruités et aériens, emplis de complexité sans saturer les papilles ni les esprits.

Le millésime 2016 restera comme l’un des plus tendus et des plus frais de ces dernières années. Les travaux engagés dans le vignoble font de ce dernier un exhausteur de saveur où le terroir marque les vins. Comme l’explique Bérénice Lurton, l’énergique propriétaire de Château Climens, Premier Grand Cru Classé en 1855, « à Sauternes, peut-être plus qu’ailleurs, les vins se réalisent dans la vigne. Les fermentations sont assez tranquilles. Le vrai travail, c’est la viticulture ». Femme de conviction, elle est l’une des rares à avoir choisi de pratiquer la culture selon les préceptes biodynamiques dans son vignoble. Mais à l’instar de certains tels que Xavier Planty, gérant et co-propriétaire de Château Guiraud, qui est désormais certifié en culture biologique, Sauternes fait sa révolution qualitative et prend conscience qu’une viticulture de haute couture est un élément déterminant malgré un contexte économique morose.
« Les vins de Sauternes sont parmi les plus beaux rapports qualité/prix de Bordeaux » analyse justement Olivier Castéja, aujourd’hui à la tête de Château Doisy-Védrines, longtemps négociant de place (via la société Joanne) et fin connaisseur des arcanes bordelaises.

Pour sûr, les vins de Sauternes sont les vins les plus techniques, les plus exigeants, les meilleurs rapports qualité/prix du Bordelais (certains 1er Grands Crus Classés sont commercialisés autour de 30 euros) et connaissent un succès d’estime de la part des amateurs éclairés. Seul souci, les ventes ne sont pas au beau fixe.

C’est donc par des initiatives comme celle-ci, permettant aux prescripteurs et professionnels de mieux comprendre les spécificités de ces vins magnifiques, que les viticulteurs pourront mettre en avant leur production et séduire les consommateurs. Car en matière d’accords mets et vins, peu de vins s’accordent aussi bien avec de nombreux plats. Et avouons qu’une volaille de belle facture est plus savoureuse avec un vin de Sauternes qu’avec n’importe quel vin rouge… Essayez, nous en reparlerons !