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Réveil des fûts du Mont Brouilly : expérience de dégustation sur les vins au bois dormant

Auteur

Pauline
Gonnet

Date

19.10.2017

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Comme un clin d’œil historique aux peuples nomades d’Asie mineure et de Géorgie, qui enterraient leurs vins de l’année avant leur départ vers de nouvelles contrées lointaines, une mise en dormance de trois fûts contenant des vins de Brouilly emblématiques du terroir a eu lieu le 10 avril 2016.

Après 18 mois d’élevage, et à une bonde de 1,50 mètre, était venue l’heure ce lundi 16 octobre 2017 de réveiller les beaux endormis, et de les comparer avec les mêmes vins mis en bouteille.
Trois fûts pour trois profils de Brouilly : un premier fût « Espace des Brouilly », regroupant un assemblage de quatre parcelles et couvrant les quatre points cardinaux de la Côte de Brouilly : une partie provenant du domaine du Père Benoît (au nord-est, avec des vignes de 65 ans sur un sol peu caillouteux et alluvionnaire), une autre provenant du domaine de Franck Tavian (situé à l’ouest, sur du granit altéré à faible profondeur et des vignes de 70 ans), et une partie provenant du domaine de Patrice Monternier, sur des parcelles situées au pied du Mont Brouilly, exposées plein sud sur une roche siliceuse et des vignes de 60 ans.

Le deuxième fût était celui du Château de Pierreux, sur l’appellation Brouilly, issu de roches siliceuses variées et de vignes de 80 ans en moyenne. Vendanges égrappées, longue macération de 21 jours « pour aller chercher la structure inhérente au gamay, lorsque les terroirs et la maturité le permettent », sont les techniques employées par Jean-Baptiste Bachevillier, vinificateur du château.

Le troisième était celui des Vignerons de Bel-Air (aujourd’hui « Vinescence », depuis la fusion des deux caves coopératives des Vignerons de Bel Air et de la cave de Saint-Etienne-des-Oullières), qui ne cède rien sur la qualité de la vendange que les coopérateurs doivent garantir, avec une politique de paiement en fonction de la qualité des raisins apportés à la coopérative.

Le choix du Mont Brouilly n’est pas un hasard : cette curiosité géologique, où la pierre bleue se partage les sols avec le granite rose, illustre la richesse de terroirs du Beaujolais, coincé entre massif central et massif alpin, qui s’est inscrit depuis 2012 dans une démarche d’obtention du label de l’UNESCO « Geopark », et qui s’apprête ainsi, si tout se passe bien, à devenir le premier Geopark viticole mondial.

Christian Martray, sommelier invité à commenter la dégustation comparative, relevait, avant la mise en dormance, que les vins présentés « sont tous d’une grande pureté, issus d’un grand millésime (2015). Les meilleurs jus ont été associés aux meilleurs vignes dans les meilleurs tonneaux ».

Quels impacts sur la dégustation, entre les vins issus d’un élevage « classique » et ceux issus des fûts enterrés ?

Claude-Edouard Geoffray, du Château Thivin (Brouilly et Côte-de-Brouilly), souligne que les vins issus des fûts enterrés ont démontré plus de corps et d’ouverture aromatique, particulièrement sur la dernière cuvée dégustée, du Château de Pierreux.
Avis globalement très partagé parmi tous les dégustateurs.

L’expérience sera donc renouvelée, avec une nouvelle comparaison en vue : celle des vins issus de fûts enterrés, et de vins issus de fûts entreposés en cave.

Rendez-vous dans deux ans !