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Roussillon : Patrick Roger, le chocolatier devenu vigneron

Auteur

Idelette
Fritsch

Date

02.11.2017

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Figure du chocolat, le touche-à-tout Patrick Roger, engagé depuis 2011 dans la préservation des amandiers du Roussillon, signe sa première cuvée « L’instant de Patrick Roger 2016 ». Un vin élevé en amphore sur son domaine de Trouillas, dans les Pyrénées-Orientales, commercialisé à partir du 15 novembre.

Meilleur ouvrier de France chocolatier (MOF) en 2000. A la tête de neuf boutiques à Paris, en Île-de-France et à Bruxelles. Patrick Roger pourrait dormir sur ses lauriers. Mais ce n’est pas le genre du bonhomme. Cet artiste engagé qui sculpte le bronze comme le chocolat – ses orang-outang grandeur nature, exposés dans les vitrines de ses boutiques parisiennes, interpellent les passants sur la disparition des espèces -, fait œuvre de mécénat dans l’Aude et en Roussillon, où il s’est implanté à partir de 2011 comme producteur d’amandes… et aujourd’hui vigneron.

Des vignes menacées d’arrachage

« En 2011, j’ai acheté 10 hectares d’amandiers dans l’Aude comme on achète une œuvre d’art, pour contribuer à sauver la production d’amandes de Provence », explique Patrick Roger. Pour le chocolatier, aujourd’hui propriétaire de 33 ha supplémentaires dans les Pyrénées-Orientales, plantés à 75% en amandiers, le déclic est venu au retour d’un voyage au Venezuela où il se rendait pour son approvisionnement en cacao. « Il y a 47 pays producteurs de cacao dans le monde, pose-t-il. Je me suis dit : les savoir-faire et les artisans sont en train de crever en France, pourquoi ne pas aider les producteurs autour de toi et contribuer à la relance d’une filière ? » Des amandes à la vigne, menacée par les primes d’arrachage, il n’y avait qu’un pas… que franchit Patrick Roger en 2016.

Car sur sa deuxième propriété catalane (le Mas de la Machine), 2,6 ha de vignes sauvées in extremis jouxtent son royaume d’amandiers. « C’est un biotope, planté en oliviers et citronniers, avec des champs d’avoine et d’orge au milieu des arbres. J’ai décidé de garder cette vigne, une Syrah plantée il y a plus de vingt ans, et c’est comme ça tout simplement que l’histoire a commencé », retrace-t-il.

Le nez du chocolatier

La vigne (en conversion Bio) et la vinification sont confiés à Aliette Bourg, vigneronne bio dans la vallée de l’Agly (domaine Grain d’Orient), mais c’est Patrick Roger qui donne le tempo. « J’élève le vin comme je fais mes chocolats : avec une précision quasi scientifique et beaucoup de recherche expérimentale pour retranscrire ce que je ressens. Mon mode d’écriture est complètement instinctif, ma sensibilité certes différente parce que je viens d’un autre univers, mais c’est cette liberté que je défends », confie le chocolatier qui a opté pour ce premier millésime 2016 pour une vinification en amphores, pour éviter les échanges bois, et livre 2000 bouteilles de ce premier nectar commercialisé à partir du 15 novembre (chocolateries Patrick Roger, deux étoiles Michelin La Réserve de Jérôme Banctel)

« L’instant de Patrick Roger 2016 » (69 € la bouteille) est un vin à boire jeune et à déguster légèrement frais, un vin que le chocolatier a voulu « fluide, comme une gourmandise qui invite à se resservir ». Une seconde cuvée lui emboîte le pas, « L’instinct de Patrick Roger 2016 » élevée en fûts de chêne avec trois variétés différentes de chauffe et de grains (là encore la résultante d’une approche instinctive et expérimentale), commercialisée aux mêmes dates à raison de 8000 bouteilles.