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Salon Pion et Viniphilia : la jeunesse en avant

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

10.03.2017

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La première édition de ce salon viticole a eu lieu la semaine dernière à Paris et a permis de mettre en avant de jeunes vignerons talentueux aux côtés de domaines reconnus. Visite.

Outre la réunionnite aiguë, un autre grand mal français est sans nul doute la création de salons à tour de bras. Faut-il y voir une logique historique ? L’on tient salon depuis Louis XIII, rien de nouveau sous le soleil donc. Parmi l’offre pléthorique d’événements, en particulier autour du vin, il est indispensable de trouver ceux qui offrent un intérêt particulier. Eh bien cette première édition du salon Pion et Viniphilia à Paris était de ceux-ci. L’attente était forte puisque le salon promettait de partir « à la découverte de vignerons français remarquables ». Une attente pas déçue.

D’un côté, dans les différentes régions représentées, des domaines dont la réputation n’est plus à faire, des grands noms de la viticulture française dont les bouteilles émerveillent année après année. Citons notamment la maison champenoise Ulysse Colin, les domaines bourguignons Bertagna, Jean Fournier ou Henri Gouges, mais aussi l’excellent domaine La Barroche à Châteauneuf-du-pape ou bien encore le domaine Weinbach en Alsace. Un domaine secoué, meurtri ces derniers mois mais qui continue l’aventure avec courage et panache. La grandeur de ces domaines réside aussi dans le fait qu’ils aient accepté de côtoyer de jeunes vignerons de talents, chacun se nourrissant de l’expérience ou de la fougue des autres.

Jeunesse et pragmatisme

La plupart des jeunes vigneronnes et vignerons croisés au salon étaient issus du milieu viticole. La plupart ont repris il y a moins de 10 ans le domaine familial. S’ils ne font pas table rase du passé, bien au contraire, ils apportent leur patte pour peaufiner un style maison qui leur ressemble. Jonathan Pabiot a ainsi fait évoluer le domaine familial vers le bio et la biodynamie, passant notamment par un gros travail des sols. Le résultat est perceptible dans les bouteilles qu’il produit avec sa compagne. Des Pouilly-fumé de très grande classe, aux aromatiques précises et délicates de sauvignon mûr mais sans excès, le tout porté par des matières denses, présentes aux acidités parfaitement intégrées. La cuvée « prédilection » 2014 (32€) est une merveille, associant arômes floraux et de fruits jaunes, un gras appréciable combiné à une tension éclatante, toute en minéralité. Une bouteille qui fera date et qui vieillira très bien pendant plus de 5 ans.

De son côté, Aurélien verdet a repris en 2003 le domaine familial bourguignon ancré dans les Hautes-Côtes de Nuits. Il l’a ensuite patiemment développé en achetant des vins finis, puis des raisins qu’il a vinifiés puis finalement quelques vignes en propre. Il travaille aujourd’hui sur une quinzaine d’hectares et livre des vins au fruité envoûtant. Son Vosne-Romanée premier cru « les beaux monts » est d’une complexité folle et d’un style assez puissant. Mais l’on retiendra surtout son Hautes-Côtes de Nuits 2015 (environ 20€), un vin inscrit dans son ADN à qui il redonne toutes ses lettres de noblesse. Une cuvée qui pourrait être issue d’un beau cru de la Côte tant il pinote à merveille, joue les charmeurs avec un nez tout en profondeur de fruits et une bouche intense, sphérique, bien équilibrée. Un modèle du genre à goûter absolument. L’on pourrait aussi citer Charles Doyard des champagnes homonymes qui propose de belles cuvées sur des terroirs en grand cru. Sans oublier une toute jeune structure créée il y a deux ans, « cap à l’est », qui regroupe 12 vignerons alsaciens pour favoriser leur commercialisation. Un ensemble à l’image du salon, associant grands domaines et jeunes domaines comme celui de Christian Barthel dont le pinot noir vieilles vignes 2015 (10€) réjouira les amateurs de vins gourmands, faciles, tout en fruits.