Accueil [VINISUD] La Gardine mobilise trois générations en vallée du Rhône

[VINISUD] La Gardine mobilise trois générations en vallée du Rhône

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

20.02.2018

Partager

Les Brunel ne savent même plus depuis combien de temps ils participent à Vinisud, sans doute depuis sa création. La dernière génération y fait découvrir cette année les références sur plusieurs appellations rhodaniennes, Châteauneuf en tête.

Tout a commencé avec Gaston Brunel qui avait racheté La Gardine en 1945. La propriété de Châteauneuf-du-Pape faisait alors 8 ha, mais il ne s’attendait pas à un tel développement. Aujourd’hui, elle s’étend sur 54 ha, auxquels s’ajoutent 12 ha en Côtes-du-Rhône Villages et 8 ha en Côtes-du-Rhône.

Quatre générations ont travaillé à La Gardine : Maxime et Maryse, octogénaires bon pied bon œil, courent toujours les salons de particuliers ; Patrick, le frère de Maxime, à la tête de l’activité, chapeaute la stratégie globale ; Eve, sa femme, gère le château Saint Roch en Lirac ; Marie-Odile, la 3ème génération, s’occupe des ventes en Grande Distribution (7 % des ventes) et des marchés asiatiques, Philippe du traitement des vignes. Et voilà désormais les petits-fils de Maxime : Guillaume a été chargé de développer le négoce et, tout récemment, son frère Thibault, tout frais sorti d’une formation viti-oeno, s’est vu confier les 160 ha de vignes. Huit membres d’une même famille pour faire avancer le navire « et parfois ça prend du temps pour écouter chacun et mettre tout le monde d’accord », reconnaît Guillaume.

« On a planté beaucoup de grenache noir au début des années 70 qui représentent désormais 60 % de l’encépagement, raconte Patrick. Maintenant, on replante du mourvèdre (25 %) et des cépages blancs, roussanne, clairette. » Le foncier s’est également enrichi d’une trentaine d’ha à Rasteau, dans les années 60, complétés en 1998 par les 40 ha du château Saint Roch à Lirac. Une activité de négoce Brunel Père & Fils permet un complément de gamme, surtout sur le Rhône Nord (en Crozes, Côte Rôtie, Condrieu, où il devient trop cher d’investir).

La propriété castelneuvoise produit 14 % de blancs, deux fois plus que la moyenne de l’appellation. Le style de la maison a par ailleurs évolué : « Avant, les rouges étaient élevés en vieux foudres et ça les amincissait, explique Patrick. Aujourd’hui, on les passe en barriques. La bouteille, en revanche, créée en 1964 quand mon père a compris qu’il fallait investir un peu dans le marketing, reste inchangée. »

Sous les galets, des projets

Les vins en propriété représentent aujourd’hui 450 000 bouteilles, le négoce 700-800 000. 60 % sont désormais vendus à l’export (Gaston Brunel vendait 100 % aux États-Unis), principalement au Canada – La Gardine est le rouge le plus vendu au Québec, en valeur, avec environ 180 000 cols par an, en Chine, aux États-Unis, en Belgique…

Brunel Fils ont diversifié les débouchés, y compris avec la GD, avec quelques références en foires aux vins, en propriété comme en négoce. Un nouvel entrepôt de 1 000 m2 pour l’embouteillage a été construit l’an dernier. Un projet de caveau est prévu à La Gardine pour développer l’œnotourisme « puisque nous avons le cadre et l’une des plus belles vues de l’appellation avec une jolie maison à pierres », estime Guillaume.

Le caveau, qui ne devrait pas voir le jour avant 2019-2020, pourrait être construit dans un nouveau bâtiment excentré au milieu des vignes. La famille Brunel réfléchit également à une transition vers le bio en commençant peut-être par les vignes de Lirac, à un développement de l’activité négoce par des micro-cuvées et à revoir sa stratégie marketing globale pour créer un lien visuel entre les vins propriétés et négoce, autrement que par sa bouteille spécifique. De quoi occuper toutes les générations…

Lire aussi le portrait de la famille Brunel dans l’Escapade Châteauneuf-du-Pape du « Terre de vins » N°48