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Les vins charentais font bouger les lignes

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

17.04.2018

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Après un changement de logo, de slogan, de communication, ils se lancent collectivement dans une démarche environnementale.

Les Vins Charentais, 1500 ha sur les deux départements de Charente et Charente-Maritime, n’ont plus les deux pieds dans le même sabot. Ils ont d’abord simplifié le nom de l’IGP obtenue en 2009. Après plusieurs années de réflexion, elle est passée de « vins de pays charentais » à « vins charentais ». La dénomination « vin des Charentes » n’a pas été possible car « il ne peut y avoir deux appellations d’origine avec le même nom géographique et il y avait déjà le pineau des Charentes sur notre territoire » regrette le président de l’IGP Thierry Jullion. L’appellation en a profité pour adopter un nouveau slogan, « Prendre son temps » afin de jouer sur l’art de vivre et surfer sur la tendance « slow food ». Elle a également relooké son logo, toujours un cœur et deux flûtes mais avec des couleurs moins flashies, virant du vert pomme fluo et violet violent au vert olive et rouge framboise.

Les vins charentais qui vendent actuellement 80% de leurs bouteilles en région tentent de rajeunir leurs consommateurs via les réseaux sociaux mais en étant également présents sur les événements et festivals locaux à portée nationale et internationale comme les Francofolies de La Rochelle, Cognac Blues Passion, Summer Sound Festival à Rochefort, Les Gastronomades d’Angoulême… en espérant que les 25-40 ans abandonnent la canette de bière pour prendre un verre de vin entre deux concerts. « Nous voulons gagner en visibilité et faire savoir aux consommateurs locaux mais aussi aux touristes qu’aujourd’hui, nous avons de bons vins » explique Thierry Jullion. Des vins simples et décomplexés, à vinification courte (pas d’élevage pour la majorité). Mais le principal cep d’achoppement reste la diversité de cépages de l’appellation. Pas moins de 26 autorisés dans le cahier des charges pour une production de 10 à 12 millions équivalent bouteilles par an à 36% rosés, 33% rouges et 31% blancs. Des vins en monocépages ou en assemblages, plutôt hétéroclites car pour une majorité de producteurs, le vin n’est encore qu’un pis-aller et une solution de repli quand cognac et pineau vont mal, au mieux un complément de revenu. On compte moins d’une quinzaine de maison de négoce (rares sont celles uniquement en vins charentais) et moins d’une douzaine de vignerons qui ont choisi le vin comme seule activité sur les 600 producteurs de l’appellation qui dénombre 145 caves particulières et 4 coopératives. En bouteille, on retrouve des cépages charentais comme l’ugni blanc et le colombard, mais aussi bordelais (sauvignon, merlot et cabernets majoritaires, sémillon, muscadelle…), gascons (négrette, tannat), bourguignons (chardonnay, gamay, pinot noir)… et également du mourvèdre, du chenin… et même du chauché gris, de l’alicanthe bouschet, du chasan …

Vers un Développement Durable collectif

Tout en peaufinant leur communication, l’appellation soigne son environnement. Elle s’est focalisée sur une démarche de traçabilité et d’exemplarité rassemblant toutes les familles et conduisant à une certification globale Iso 14001 et une labellisation HVE (Haute Valeur Environnementale) de niveau 3 (la plus élevée). Une quinzaine de producteurs et négociants volontaires planchent dans un groupe de travail avec l‘aide d’une jeune technicienne. Il s’agit de mettre en œuvre en partenariat avec un organisme spécialisé, Peri-G, un système de management environnemental collectif « le seul à être porté collectivement par un syndicat qui apporte la coordination et la logistique avec une minimisation des coûts, une veille réglementaire, des formations collectives, des accompagnements individuels et des échanges de bonnes pratiques, souligne Thierry Jullion. Cet outil de diagnostic à partir d’un référentiel de Développement Durable vise à préserver notre territoire avec une certification prévue pour le printemps 2020. Au programme, réduction des intrants phytosanitaires, maîtrise des ressources en eau, amélioration de la biodiversité mais également de la sécurité au travail. « Un cercle vertueux qui aidera aussi à promouvoir l’IGP en parallèle de l’augmentation de la qualité de nos vins » conclut le négociant Thierry Archereau à la tête du groupe pilote.