Bienvenue dans la capitale de l’Armagnac

Si les villes voisines Eauze et Condom (Gers) se sont longtemps disputé le titre de capitale de l’Armagnac, la cité élusate dégaine son arme fatale : un décret datant de Napoléon Bonaparte.

Longtemps, Eauze et Condom ont guerroyé pour décrocher le titre de capitale de l’Armagnac. Au moins dans l’esprit des Gersois et des Gascons. Condom a son musée mais Eauze a récemment repris du terrain en affirmant sa position. Condom se situe au cœur de la Ténarèze, Eauze est le centre du Bas Armagnac où naissent les plus nombreuses eaux-de-vie gersoises.

Probablement dans un souci d’apaisement, la cité élusate oublie trop souvent de brandir son arme fatale : un décret pris sous Napoléon 1er. En 1802, la France, alors sous l’Empire, prend son visage actuel. L’un de ses préfets, M. Balguerie, adopte ce texte qui définit les régions françaises. Il confère à la cité élusate le titre de capitale de l’Armagnac. Aujourd’hui, Eauze fait le lien entre l’appellation administrative et celle de l’eau-de-vie. Elle regroupe les sièges d’institutions primordiales dans le monde de la viticulture comme le Bureau national interprofessionnel de l’armagnac (BNIA), l’Institut national des appellations d’origine contrôlée ainsi que le Laboratoire départemental agricole et viticole.

Les sables fauves élusates

Condom, malgré son musée très didactique et intéressant, ne peut lutter contre ce titre impérial ! La commune se situe sur la zone de l’armagnac Ténarèze, qui donne des eaux-de-vie plus corsées, quand Eauze produit des armagnacs plus fruités. Chaque genre a ses amateurs.

C’est un autre décret de l’État, datant de 1909, qui précise les différentes zones de production de l’armagnac, avec chacune ses spécificités.

Tout autour d’Eauze, les domaines les plus prestigieux plantent leurs racines dans ce terroir argilo-calcaire. Le Bas Armagnac, à l’ouest, est un pays vallonné. La vigne y pousse sur des terrains argilo-siliceux pauvres et acides, par endroits mêlés d’éléments ferrugineux qui le colorent, d’où leur nom de sables fauves. Les boulbènes, sédiments caractéristiques de la région, sont des sols à dominante limoneuse. Cette zone produit des eaux-de-vie légères, fruitées, délicates et très réputées.

Passé romain

La région a toujours vu de la vigne pousser sur ses coteaux. Entre Eauze et Montréal-du-Gers, l’Antiquité a laissé des traces remarquablement conservées. Les Romains produisaient déjà du vin autour de la cité qui portait alors le nom d’Elusa. En Armagnac, les Romains introduisirent la vigne, les Arabes, l’alambic et les Celtes le fût. De la conjonction de ces trois cultures est né l’armagnac. Au Moyen Âge, on l’appelait l’aygue-ardente. Aujourd’hui encore, les Élusates célèbrent leur passé romain. Ainsi la semaine dernière se déroulait le Festival Galop romain, avec courses de chars, spectacle son et lumière et « banquet gaulois » invitant à déguster du sanglier… Il paraît que l’on y trouvait aussi de l’aygue-ardente, pour tester ses 40 vertus.

Gaëlle Richard