La filière champagne mobilisée pour la cathédrale de Reims

La filière champagne s’est fortement impliquée pour la rénovation de l’étage de la grande rose de la cathédrale de Reims. Le budget est enfin bouclé, les travaux commencent. Champagne !

Les échafaudages ont commencé à s’élever sur la cathédrale de Reims, et c’est un peu une consécration. Consécration de cette dernière tranche de travaux pour effacer les meurtrissures de l’incendie du 19 septembre 1914, puis des bombardements de la Grande Guerre. Consécration du travail de la Société des amis de la Cathédrale de Reims pour boucler un tour de table de 4, 5 millions d’euros nécessaires aux travaux.

Consécration enfin de l’implication des acteurs locaux dans un immense élan populaire. Des entreprises – champagne en tête -, les collectivités locales, le quotidien L’Union, les institutionnels et surtout des milliers de particuliers ont apporté leur contribution au projet. « Le cas de Reims a valeur d’exemple en cette période de restriction de budgets, pointe Bernard Poret, président de la Société des amis de la cathédrale de Reims. Si l’Etat a accepté de s’engager dans ce financement, c’est bel et bien en raison de l’implication aussi massive des mécènes et donateurs privés ».

Côté travaux, cette dernière et vaste tranche de rénovation durera 3 ans et concerne tout l’étage de la grande rose. Elle inclut les vitraux de la rosace, joyau de l’art gothique, et la statuaire du XIIIe siècle qui l’entoure, dont deux scènes remarquables de David et Goliath, et une série de scènes bibliques sur le thème de la royauté.

Côté finances, la Société des amis de la cathédrale de Reims financera les travaux à hauteur de plus d’un million d’euros. Parmi ses généreux donateurs, la filière champagne a répondu présent dès la première heure. Le CIVC, représentant l’ensemble des maisons et vignerons, s’engage à hauteur de 200 000 € et a réalisé un grand travail de relai d’information. D’autres maisons comme Taittinger, de Castelnau, etc. y ont ajouté une contribution privée. Même la filière liège, au travers des bouchonniers de Champagne, a signé une convention de mécénat pour un montant de 10 000 €.

L’engagement de la filière champagne pour la cathédrale de Reims n’est pas nouveau. En 2011, l’Union des Maisons de Champagne avait contribué à la restauration des statues de la Reine de Saba et de l’Homme à la tête d’Ulysse. En 2004, la maison Taittinger avait permis à la statue du « Beau Dieu » de retrouver son visage. En 1954, la corporation des vins de Champagne avait financé un vitrail du transept. Sa thématique évoque les phases de l’élaboration du champagne (vigne, vendanges, vinification et champagnisation), et les industries annexes (verriers, bouchonniers) tandis que les églises des principaux villages viticoles figurent sur les bordures du vitrail.

Etonnant mélange ? Pas vraiment. La Cathédrale de Reims et le champagne ont toujours été liés par le poids de l’histoire. Et si le champagne est devenu « vin des roys, roy des vins », c’est aussi grâce au sacre des rois de France à Reims. « Puisque la cathédrale a donné au champagne ses lettres de noblesse, nous avons contracté envers elle une reconnaissance que le temps ne peut éteindre, rappelle Pierre-Emmanuel Taittinger. Aussi n’est-ce que justice si, en maintes occasions, Vignerons et Maisons sont venus ajouter leur pierre à l’œuvre des premiers bâtisseurs. »

Joëlle W. Boisson