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Château Dauzac, la preuve par 1

Auteur

Michel
Sarrazin

Date

13.03.2019

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Le Château Dauzac, 5ème grand cru classé de Margaux, conviait il y a quelques jours quelques-uns de ses fidèles amateurs, à un diner où les quatre derniers millésimes en « 1 » étaient proposés (1981, 1991, 2001, 2011). Cet exercice pouvait réserver quelques surprises.
Laurent Fortin, directeur général, et Caroline Arbiol pour la communication du château Dauzac animaient cette soirée un peu particulière qui s’est déroulée au restaurant Nama à Bordeaux : un établissement réputé qui sert traditionnellement des duos de vins et revendique une cuisine « française avec un soupçon d’influence japonaise ».
Ce diner, précise Caroline Arbiol, avait pour objectif « d’entretenir des liens solides avec les amateurs de vins en leur proposant régulièrement des soirées » au cours desquelles le château propose des alliances mets & vins. Un des meilleurs moyens de révéler l’excellente qualité des vins de Dauzac et leur aptitude à accompagner voire sublimer un repas. Pour cet exercice de style, les vins étaient tous servis en magnum.

4 millésimes en « 1 » remontent le temps

Tout d’abord, 2011. Ce millésime a été quelque peu difficile car un été frais et assez humide est venu compliquer le travail des vignerons, nécessitant de leur part un travail attentif dans les vignes et dans les chais. Dauzac a réussi avec maîtrise ce 2011 et a démontré ses compétences techniques en proposant, sur un bœuf carotte revisité, un vin d’une belle robe pourpre, au nez élégant et à la bouche gourmande, assez puissante, aux tanins généreux, sur des notes de fruits légèrement confits et une finale réglissée.

Puis vint le 2001, sur le même plat. Un millésime sous-estimé qui venait après un 2000 très valorisé. Les vendanges en rouge ont été tardives puisqu’elles ont eu lieu jusqu’à la mi-octobre dans le bordelais, et tous les raisins n’ont pas mûri. Il en résultait une certaine hétérogénéité et il a fallu être sélectif. Ce que Dauzac a fait de toute évidence, puisqu’il nous offre un très beau vin, classique : au nez, des notes grillées et torréfiées d’une grande finesse et une très belle bouche, concentrée, puissante, portée par des tanins ronds et pleins.

Servi sur une canette fumée au bois de hêtre, concassé de coriandre & fenouil, ail noir et printanière de légumes, le 1991. Souvenons-nous. 1991 : l’année du gel ! De sévères gelées dévastèrent début avril le vignoble bordelais. De nouveaux bourgeons, sortis tardivement, bénéficièrent d’un bel été, mais quelques fortes pluies en septembre affectèrent la bonne maturité des raisins. Que pouvait donc sortir Dauzac ? Eh bien, un vin surprenant d’une très belle tenue. Des arômes de sous-bois et des notes truffées. Une bouche d’une grande élégance, équilibrée, sur des tanins soyeux et fondus, offrant une belle longueur et de la distinction, une finale réglissée. « L’un des temps fort » de la soirée » dira un convive. Étonnant !

Sur ce même plat, le point d’orgue fut le 1981 dont on pouvait craindre qu’il fût plus du registre de la curiosité (38 ans tout de même) que du réel intérêt. « Pas du tout ». Là encore, la sélection opérée par Dauzac sauve un millésime qui aurait pu être d’une qualité exceptionnelle si des pluies n’étaient venues, là aussi, compromettre la vendange. Un millésime difficile donc, mais le 1981 de Dauzac a étonné les convives, avec un style classique, assez margalien, proposant une bouche encore bien constituée, souple et charmeuse. Un vin dont le bon état de forme est aussi dû au format en magnum qui a permis une meilleure garde.
Ce 1981, accompagna remarquablement le dessert « chocolat dans tous ses états ». Une alliance qu’il faut savoir oser tant elle est souvent réussie avec les millésimes un peu évolués.

Des gages de qualité, à point nommé.

Pour cette soirée, Dauzac n’a pas choisi la facilité car certains millésimes proposés pouvaient faire craindre des faiblesses. Il n’en fut rien. Preuve s’il en est que Dauzac, par sa rigueur, sa discipline et sa compétence technique sait produire des vins de qualité en sachant s’affranchir des difficultés dues aux aléas climatiques. Une belle démonstration, au moment même où ce château va changer de main : son nouveau propriétaire, Christian Roulleau, peut être rassuré sur les aptitudes de sa nouvelle acquisition.