Accueil Dégustation Connaître les cépages : le grenache

Auteur

Jacques
Orhon

Date

04.10.2017

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Dans chaque numéro de « Terre de Vins », avec sa chronique « L’école du vin », Jacques Orhon, maître sommelier et « écrivin », apporte son éclairage d’expert sur toutes les subtilités de la dégustation, du service, de la conservation, de la viticulture… Retrouvez ici ses meilleurs conseils.

Originaire de la province d’Aragon, en Espagne, le grenache (sous-entendu le grenache noir puisqu’il existe du grenache blanc et du grenache gris) s’est installé en France il y a belle lurette. On le trouve notamment dans le Roussillon, où il excelle dans l’élaboration des vins doux naturels, le Languedoc (le plus souvent en assemblage avec la syrah et le mourvèdre), ici et là en Corse et en Provence, et dans la vallée du Rhône méridionale où il joue un rôle important dans les côtes-du-rhône (60% de l’encépagement) et plus spécifiquement à Châteauneuf-du-Pape, où il règne en roi et maître.

Le grenache est d’une grande polyvalence et s’adapte à des terroirs variés, sur des sols graveleux, schisteux ou caillouteux, comme on peut le constater aisément sur les terres de Châteauneuf, recouvertes de galets. C’est ainsi que le grenache, en plus de pousser surtout dans le nord de l’Espagne (Rioja et Catalogne), s’est installé en Italie, principalement en Sardaigne, mais aussi au Portugal, en Grèce, dans les pays du Maghreb, en Californie, en Amérique du Sud, en Afrique du Sud et en Australie.

Les mots du grenache

On pourrait presque dire du grenache qu’il est gourmand et séducteur car il produit des vins rosés éclatants de fruit, des rouges soyeux, aux tanins fondus, et des cuvées d’anthologie quand il se livre sous le doux soleil catalan, pour produire les fameux banyuls, maury et rivesaltes. Sa sensibilité à la coulure (désordre physiologique de la vigne) et à l’oxydation, et son manque d’acidité font partie de ses faiblesses, mais il se rattrape avec tant d’avantages, dont celui d’être vigoureux et généreux, et de donner des vins riches, capiteux, et très aromatiques. En effet, son spectre olfactif est large puisqu’il peut livrer des arômes de cassis et de cerise noire, tous les parfums de la garrigue, des saveurs d’épices douces, et des notes de chocolat, de cuir et de tabac. Ses synonymes sont nombreux, principalement en Espagne (aragonais, alicantina, garnacha del país, garnacha negra, garnacha tinta, etc.), mais c’est en Sardaigne, sous le nom de cannonau, qu’il a pris ses marques, en dehors de l’Espagne et de la France.

Le grenache passe à table

On aime boire les vins issus du grenache, parfois sans le savoir. Les rosés secs feront la fête aux charcuteries, à des côtes de porc grillées aux olives, accompagnés ou non de sauce tomatée, plus ou moins épicée. Les rouges issus d’un assemblage escorteront sans faillir des grillades de bœuf et une bavette aux herbes. Un châteauneuf-du-pape ira comme un gant avec un filet de chevreuil ou une entrecôte sauce poivrade, tandis que rivesaltes grenat et rancio accompagneront à merveille un foie gras poêlé. Des rognons sautés au banyuls seront mis en valeur avec un verre du même vin, et l’on finira en beauté avec un maury de 15 ans d’âge et une marquise au chocolat. Tout un menu en perspective !