Les beaux blancs de Chantegrive

Connu pour sa célèbre cuvée Caroline, le château de Chantegrive produit désormais autant de blancs que de rouges. En Graves mais également en relançant ses liquoreux de Cérons.

Marie-Hélène Lévêque attend avec impatience les vins de 2015, « un très grand millésime, peut-être encore plus en rouge qu’en blanc ». Château Chantegrive qui compte 112 ha dont 92 en production, l’une des propriétés les plus étendues de l’appellation, produit près de 450 000 bouteilles par an. Nous sommes loin de l’époque où les parents, Françoise et Henri Lévêque, avaient dû vendre leur belle collection de timbres pour s’acheter 2 hectares de graves. « En 1966, mon père qui était courtier ne gagnait guère sa vie et on arrachait la vigne partout dans la région, raconte Marie-Hélène désormais à la tête de la propriété. Mais en revendant un demi-ha des 2 qu’il venait de racheter, il a réussi à démarrer l’affaire ». Chantegrive s’agrandit peu à peu, la dernière acquisition date de l’année dernière avec les 14 ha de vieux sémillons du Château Madères à Pondensac.

Les chouchous blancs

Le domaine, conseillé depuis une dizaine d’années par Hubert de Boüard, produit désormais autant de blancs que de rouges. « La demande est toujours plus forte et nous n’en avons jamais assez, précise Marie-Hélène Lévêque (photo ci-dessous). Nous replantons du sauvignon et du sauvignon gris… alors qu’en 1989, les blancs étaient en surproduction et nous avions replanté du merlot ». Un tiers des blancs sont en cuvée Caroline (80 000 bouteilles par an) passée en fûts de chêne, pour moitié neufs, le chai à barriques dédié ayant été construit en 1998. Un succès non démenti depuis plusieurs années, notamment pendant les foires aux vins. Chantegrive s’est aussi essayé au rosé, d’abord de saignée puis finalement de pressurage depuis deux ans avec « La Grive rose » à 80% merlot / 20% cabernet franc. Mais la dernière passion de Marie-Hélène est de relancer la production de Cérons, ce liquoreux méconnu aux côtés des grands frères de Barsac et Sauternes, et qui pourrait disparaître si l’on n’y prend garde. Poussé par les Perromat du Château de Cérons, Chantegrive ressort donc des vins à 80% sémillon / 20% sauvignon, aux rendements de 25 hl/ha, fermentés puis élevés deux ans en barriques. Les 6000 bouteilles ne seront pas commercialisées avant 2017.
Autre actualité : une nouvelle boutique de 100 m2 au château dédié aux vins et aux objets dédiés et signés par les architectes Pierre Lapalus et Nicolas Husson.