Sténopé, le champagne millésimé par Devaux & Chapoutier

Le Rhodanien Michel Chapoutier s’est associé au Champenois Laurent Gillet pour une cuvée d’un nouveau style, photographie d’un millésime et d’un terroir.

Michel Chapoutier est un fou de champagne. Ça n’est un secret pour personne, le producteur-négociant rhodanien compte de nombreux trésors à bulles dans sa cave, notamment en magnums. Lorsque son ancien directeur commercial Frédéric Mer, parti en 2002 chez Champagne Devaux (Union Auboise), lui présente Laurent Gillet, le DG de l’emblématique coopérative barséquannaise, nait rapidement une belle complicité et une amitié. Chapoutier, qui rêve depuis longtemps d’une acquisition en terroir champenois, achète en son nom une parcelle de moins d’1 ha aux Riceys, plantée en vieilles vignes de pinot noir de plus de 35 ans. Le projet, né en 2007, aboutit à un concept : sortir chaque année une cuvée millésimée, quelle que soit la météo et l’état des raisins, pour qu’elle devienne une photographie en temps réel d’un terroir et d’un millésime. D’où son nom, Sténopé, cette petite chambre noire percée d’un trou qui faisait office d’objectif au début de la photographie, à la fin du 19ème siècle.

Un joli 2008 pourtant si gris

L’alliance des deux hommes se concrétise en 2008 par la sélection des raisins confiée à Michel Parisot, le chef de cave de la maison depuis 25 ans. Pas d’assemblage pré-déterminé : « il ne s’agit pas de faire le même vin d’une année sur l’autre, précise Marie Gillet, la directrice marketing de Devaux. Juste un tri de pinots noirs et de chardonnays de la Côte des Bar, pas forcément sur la parcelle des Riceys. C’est la qualité qui prime pour produire un champagne élégant, fin et droit comme l’aiment Laurent Gillet et Michel Chapoutier ».

2008, frais et gris après un hiver froid et un début printemps maussade, donnera finalement, grâce à des chaleurs tardives, une bonne maturité, une acidité bien présente et un bel équilibre pour un indéniable potentiel de vieillissement. La fermentation est réalisée en fûts en partie neufs ; le 2008 a bénéficié de plus de 5 ans d’élevage (il pourra être de 3 à 5 ans). Les millésimes ne se succéderont pas forcément dans l’ordre chronologique, 2012 pouvant être commercialisé avant 2011. Aujourd’hui, à la dégustation, ce Sténopé donne des notes de fleurs blanches sur des arômes d’agrumes confits et d’épices, puis toastés et pâtissiers sur une texture crémeuse et une belle finale citronnée. Cette cuvée, avec une étiquette en braille comme tous les vins de Chapoutier, est produite en quantités limitées, seulement 3400 bouteilles (130 €) et 620 magnums (280 €) en caisse de 4 ou en coffret. Avec une photo de vigne ou de mains de vigneron.