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Château Simone, blanc d’abord

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

11.01.2016

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Les Rougier viennent d’élaborer le premier Grand Carmes rouge en IGP Bouches-du-Rhône. Mais la notoriété de Château Simone reste sur la qualité de ses blancs.

« Le millésime est prometteur mais avec du degré, sans doute a 14, 5°, diagnostique Jean-Francois Rougier du Château Simone, dans la minuscule appellation Palette près d’Aix-en-Provence. Heureusement que nous sommes exposés au nord. Ce sera une année plus propice aux rouges, sur les fruits confits ; les blancs auraient eu besoin de plus de pluies ». Ce sont pourtant les blancs qui ont fait la renommée de la Simone. Les derniers millésimes (2011, 2012 et 2013) sont d’une belle élégance, 2010 était magnifique.

Des Rougier sur plusieurs générations

Le temps semble s’être arrêté au Château Simone avec ses deux tours et son toit d’ardoise niché dans les collines boisées, face à la montagne Sainte Victoire. Des parcelles les plus hautes, on embrasse un large panorama sur la vallée du Rhône et la ville d’Aix-en-Provence qui semble à la fois si loin et si proche. Le domaine est dans la famille Rougier depuis 1830. René a laissé les rênes à Jean-François depuis plusieurs années mais il passe tous les jours dans les caves. Un labyrinthe creusé à partir du 16e siècle et prolongé par les Rougier sur plusieurs niveaux dans la colline afin de maintenir une température constante. Un tunnel de 24 mètres a été percé pour la ventilation et Jean-Francois rêve déjà de nouveaux creusements pour une grande salle de dégustation. Florence, la femme de Jean-Francois, est la gardienne des lieux. Château Simone n’est pas ouvert au public, mais quand les visiteurs venus acheter quelques bouteilles au bureau s’intéressent, quand elle a le temps, quand l’âge du capitaine le permet, elle propose de jeter un œil aux murs de bouteilles qui tapissent les galeries et au chai de vieillissement.

Palette surtout en rouge

En 1946, Château Simone a été reconnu comme AOC à part entière mais le décret n’est jamais passé au Journal Officiel (une appellation pour un domaine à l’instar de Château Grillet). Mais le grand-père Jean a préféré la jouer collectif et créer un syndicat pour porter l’appellation Palette (née en 1948), revendiquée aussi par le Château Crémade puis plus modestement par le Château de Mareuil et plus récemment par le nouveau domaine Henri Bonnaud. La coopérative de Rousset en a également produit pendant quelques décennies jusqu’à la fin des années 90. René a pris la suite au syndicat et c’est aujourd’hui Jean-François qui le préside. Le décret a été réécrit en 1998 avec obligation de vendanges à la main, transport en petites cagettes, vinification obligatoire dans l’aire d’appellation et toujours l’élevage de 18 mois sous bois. L’appellation qui s’étend sur 46 ha (dont 23 pour le Château Simone) produit surtout des rouges (plus de 50%), des rosés (15%) et des blancs (30%). Une vingtaine de cépages sont autorisés mais on y trouve surtout grenache, mourvèdre et cinsault pour les rosés fruités et les rouges aux tanins puissants, de la clairette, de l’ugni blanc, du grenache blanc, du bourboulenc… pour les blancs.

Une pointe de muscat

Le Château Simone est connu pour ses vins de garde, aisément reconnaissables dans cette bouteille à l’étiquette quasiment inchangée depuis sa création au 19ème (sauf en 1943 quand les Rougier avaient du embouteiller dans des bouteilles cognacaises a défaut d’avoir trouvé des bordelaises). Sur le domaine de Meyreuil le long de la vallée de l’Arc, certaines parcelles ont plus de 110 ans. Sur des éboulis calcaires poussent des vignes taillées en gobelet et palissées, cultivées sans engrais ne désherbants, exposées au Nord, d’où une maturité progressive et une belle fraîcheur. « La plupart des parcelles sont complantées avec de vieux cépages comme le tibouren, le manosquin, le brun-fourcat, le castets… explique Jean-Francois Rougier. Dans les blancs, on met principalement des clairettes, certaines plus que cinquantenaires, du grenache blanc, de l’ugni blanc, du bourboulenc… et 2% de muscat petits grains qui sont aussi le secret de nos blancs ». Tous les cépages sont vinifiés ensemble et passent en pressoirs verticaux à l’ancienne puis en petits fûts de chêne et en barriques. Ce sont les blancs qui ont fait la renommée de la Simone : 30% de la production il y a 20 ans, plus de la moitié aujourd’hui (15% de rosés, le reste en rouges). Les Rougier élaborent également en blanc et rosé un IGP Bouches-du-Rhône Les Grandes Carmes, issu d’un terroir voisin a 35hl/ha, vendangé également en cagettes mais vinifié en bois seulement jusqu’à avril. Ils ont planté récemment quelques rangs de viognier et de merlot et viennent d’élaborer pour le millésime 2015 un rouge Grands Carmes à base de carignan, grenache et syrah.

« Terre de Vins » vous recommande :

Château Simone blanc 2013 (29, 50 €): Des arômes de fleurs blanches, d’acacia, anisé, pain grillé, des notes de miel, de fruits secs et de vanille sur une pointe saline. Pour un bar au fenouil ou un homard grillé.
Château Simone rouge 2011 (29 €): Des notes de sous-bois, de pruneau, de truffes et d’épices. Sur un carré d’agneau ou une cote de bœuf.
Château Simone rosé 2014 (22 €): Une robe d’un rose soutenu. Un bouquet de framboises, cerises et de groseilles, une note de réglisse. Pour un saumon à unilatérale ou une bouillabaisse.