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Rive-Gauche versus Rive-Droite, victoire partagée

Auteur

La
rédaction

Date

07.06.2014

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Sur un air d’opéra, la promenade au cœur de trois grands terroirs bordelais s’est déroulée parfaitement dans les salons de la chambre de commerce et d’industrie de Lille, à l’occasion de Lille Tasting.

Dernière Master Class du samedi après-midi, intitulée « Rive Gauche, Rive Droite, la diversité et l’excellence des grands bordeaux », un plaisir des sens au sommet. La dégustation commentée par Gérard Basset meilleur sommelier du monde 2010 et Sylvie Tonnaire, rédactrice en chef du magazine Terre de Vins, a réuni trois propriétés qui se succèdent dans les verres, sans se ressembler, mais avec pour point commun une excellence de terroirs et de savoir-faire.

« 10 appellations sur 10% de l’appellation de Bordeaux, c’est à s’y perdre. Pourtant c’est le pays des structures familiales, de la tradition de vignerons paysans, d’une qualité culturale grâce au classement de 1954 qui a établi une hiérarchie des vins qui peut être remis en cause tous les dix ans, on ne peut pas de reposer sur ses lauriers ». François Despagne, propriétaire du château Grand Corbin d’Espagne, grand cru classé de Saint-Emilion sur la rive droite, plante le décor : il souhaite expliquer aux amateurs présents à la Master Class que les territoires de Bordeaux se juxtaposent, sans pour autant se ressembler. Certifiées en agriculture biologique depuis 2004, les cuvées Grand Corbin Despagne, au merlot majoritaire (associé au cabernet franc) ouvrent le bal dans le verre…

Grand Corbin Despagne 2009, Grand Cru Classé de Saint-Emilion, rive droite
« La générosité de 2009 est magnifique, mais il a fallu y aller en douceur », explique François Despagne. Avec une robe rubis et pourpre, le nez offre de la prune, du moka, des touches de cappuccino et fruits secs. « C’est un vin riche, rond, bien velouté, « athlétique » selon Sylvie Tonnaire. De jolis produits, bien travaillés, une viande des grisons fumée, lui donneront la réplique, conseille-t-elle.

Grand Corbin Despagne 2004
Rubis avec des touches grenat, chocolat au lait, pain d’épices, cannelle. C’est concentré avec une belle énergie. En bouche, la mâche offre un beau volume, un fruit juteux, une finale chocolat. C’est un vin possible à accorder avec beaucoup de choses, des aiguillettes de canard aux framboises viendraient s’accorder avec ce vin énergétique, vibrant.

Brane-Cantenac, Grand Cru Classé de Margaux 2008, Médoc, rive gauche
« 2008 n’a pas été un millésime facile. Heureusement, l’arrière-saison avant les vendanges a permis de faire mûrir le raisin comme il le fallait. Et puis il fallait savoir l’attendre », se souvient Maria Martinez, responsable qualité de la propriété. Aujourd’hui, avec une grande majorité de cabernet sauvignon, le vin révèle des tanins très fondus. Des touches de fruits noir, de chocolat amer au nez, en bouche très droit, très rectiligne, pas très puissant mais avec beaucoup de charme. Un grand classique de Margaux, aérien, en dentelles. L’accord gourmand de Sylvie : des petites côtelettes d’agneau.

Brane-Cantenac 2008
Le vin est plus fumé, « un profil un peu plus masculin », selon Maria Martinez. Touches de cuir au nez, fruits mûrs, une bouche soyeuse en bouche. « Un équilibre entre la gourmandise et plus de sérieux » ajoute la jeune femme. Des touches animales, de la girolle, un nez prune, avec une bouche réussie, légère et fondue. Dans l’assiette pour l’accompagner, Sylvie conseille une tourte aux champignons.

Last but not least, Pape-Clément, grand cru de Pessac Léognan appartenant à Bernard Magrez présente deux millésimes, le 2010 et le 2007, sous le regard de Arnaud Lasisz, jeune maître de chai de 28 ans. Un style à part dans l’appellation.

Pape-Clément, grand cru de Pessac-Léognan, 2010, rive gauche
Malgré un élevage assez marqué, le jus est riche et puissant. Cassis, mûre, cacao, la puissance est maîtrisée, un vin remarquablement fait, très solaire. On ne veut pas conseiller de le déguster maintenant. Avec son style bien à part, ce vin de garde pourrait agrémenter une côte de bœuf sur des sarments. Si on veut l’assagir, un rôti de veau forestier…

Pape-Clément 2007
Composition légèrement différente avec une petite proportion de cabernet franc, « le vin est quasiment à son apogée » selon le maître de chai. Un vin qui a su absorber son élevage, il y a une grande concentration, du cassis, de la myrtille, de la cannelle, du cèdre, un palais ferme, mûr, une belle finale épicée. A côté pour l’accompagner, une pintade au lard fumé dans l’assiette. Une invitation pour un beau moment.

LG

En photo de gauche à droite : Gérard Basset (meilleur sommelier du monde), Arnaud Delbarre (directeur de l’Olympia), François Despagne (Grand Corbin Despagne), Nicolas Lasisz (Pape-Clément), Maria Martinez (Brane-Cantenac)