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Foires aux vins 2013 : peut-on faire de belles affaires ?

Auteur

La
rédaction

Date

10.09.2013

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Les foires aux vins, qui fêtent leurs 40 ans, restent un phénomène malgré la crise. Exemple en Gironde, dans l’hypermarché Leclerc de Saint-Médard-en-Jalles.

Plus de 50 caisses en enfilade, des rayons à perte de vue sur 12 000 mètres carrés au sol et 500 employés qui s’affairent. Bienvenue à l’hypermarché Leclerc de Saint-Médard-en-Jalles, un des plus vastes du Sud-Ouest. Nous sommes dans le nord-ouest de l’agglomération bordelaise, zone où les portefeuilles souffrent un peu moins qu’ailleurs.

François Levieux, 64 ans, est ici chez lui. Propriétaire du magasin depuis 1994, il pointe combien les foires aux vins sont un moment clé. Les premières débutent en effet ces jours-ci, pour s’étaler jusqu’à mi-octobre. Près de quarante jours pour se faire plaisir, caddie en main, mais aussi sur Internet ou chez les cavistes.

« Sur nos linéaires, peu de produits sont écoulés dans de telles quantités sur une si courte période », précise celui dont l’épouse est aussi la sœur de Michel-Édouard Leclerc, le médiatique patron actuel de l’enseigne. Il n’y a guère que les chocolats, à Pâques, pour connaître une telle concentration d’achats, mais sur des chiffres d’affaires bien moindres.

En France, ces « soldes » d’automne restent un phénomène dont le succès ne se dément pas. Ils fêtent d’ailleurs cette année leurs 40 bougies puisque l’enseigne Leclerc, pionnière, se lança en 1973.

« Certains producteurs trouvaient insupportable à l’époque de rendre accessible au plus grand nombre des crus renommés… », commente-t-on chez Leclerc, où, cette année, 565 magasins seront de la partie. Un autre temps. Personne dans la distribution moderne ne remettrait en cause cet immense business avoisinant les 400 millions d’euros.

Tous y trouvent leur compte

Sélections drastiques, prix tirés, mise en scène des rayons, relais dans la presse, prospectus dans les boîtes aux lettres, la mayonnaise prend et tout le monde y trouve son compte : producteurs, consommateurs et marchands. Si faire les courses est parfois une corvée, pour ces foires, le sourire est souvent de sortie, sous les néons, au milieu d’une fréquentation en rangs serrés.

« On ne ressent pas la crise dans les volumes de vente, mais personne ne veut plus dépenser 1 euro inutilement. Le client achète mais scrute les offres », explique Julien Siemen, responsable des produits de grande consommation au magasin de Saint- Médard-en-Jalles. Depuis quatre ans à ce poste, l’homme est désormais dans les starting-blocks pour la foire qui va débuter, ici, le 2 octobre. « La majorité s’offrait autrefois les bouteilles de 15 à 20 €. La tranche des 10 à 15 € prend désormais le dessus. » Le plaisir, mais en bridant la carte de crédit.

Dans ce magasin haut de gamme, les ventes de médocs et de pessac-léognan sont importantes. « Les bouteilles au-dessus de 20 à 30 € partent surtout à l’exportation… Nous proposons des grands crus, bien sûr, mais ils ne font pas les volumes », regrette le patron des lieux. François Levieux le sait d’autant mieux que sa famille est productrice mais en AOC Bordeaux (Châteaux Labatut, Roques Mauriac et Lagnet, 85 ha de vigne), là où tous les centimes comptent pour espérer garder la tête hors de l’eau. Son fils Vincent, dix ans durant responsable de ces vignobles, se forme désormais dans différents magasins pour succéder à terme à son père. Petit-fils du fondateur de l’enseigne, il assurera la continuité.

Des vins tels que le château-larose-trintaudon (Haut-Médoc) ou le domaine de-la-solitude (Graves) deviennent donc ici les piliers des foires. Les saint-estèphe et autres saint-julien sont bien moins en vue, prix obligent. « D’où l’importante de nos sélections, notamment des “Incroyables”. Il y a du très bon hors des grandes étiquettes », précise Pierre Bacalou, directeur depuis quatre ans du magasin. Notons un château-frachet, cuvée prestige (AOC Bordeaux supérieur) à 7, 20 € ; château-de-pressac (Saint-Émilion) à 18, 25 € ; château-monestier-la-tour, cuvée de Navarre (Bergerac) à 5, 30 € ou mas-amiel, pur schiste (Côtes du Roussillon), à 8, 95 €. Tous en 2011.

Grosse logistique

À deux pas du portrait d’Édouard Leclerc et de son fils Michel-Édouard, trônant sur les escaliers qui montent aux bureaux, les 600 mètres carrés (et 2 500 références) de l’espace vin sont dignes des plus grands cavistes. Îlots de bouteilles surplombés de ceps de vigne secs et, derrière, une immense baie vitrée abritant des tiroirs aux bouteilles haut de gamme. « Ce lieu ne bougera pas. Les références proposées à la foire d’octobre (près d’un millier) seront dans l’allée centrale, 60 mètres sur 15 », précise Julien Siemen. « La nuit précédant l’ouverture, 50 personnes mettront tout en place au sol, au centimètre près. Tout est déjà dessiné sur plans. C’est une grosse logistique. » Le jeu en vaut la chandelle : ce Leclerc vend 100 000 bouteilles pendant cette période ! Surtout les premiers jours. Le magasin en écoulant 730 000 sur une année pleine.

Les meilleurs clients seront à la soirée d’inauguration, verre en main, avec des vignerons. Arrivée des catalogues dans quelques jours.

César Compadre (source)

Retrouvez notre sélection spéciale « Foire aux Vins » dans « Terre de Vins » n°25, actuellement en kiosques.