Accueil A Bordeaux, une « marche blanche » pour dire « stop aux pesticides »

A Bordeaux, une « marche blanche » pour dire « stop aux pesticides »

Auteur

AFP

Date

14.02.2016

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Plusieurs centaines de personnes ont participé, dimanche à Bordeaux, à une « marche blanche » pour sensibiliser le public aux dangers des pesticides, à l’appel de la Confédération paysanne et de plusieurs associations ou collectifs de Gironde, comme Générations Futures et Phyto Victimes, a constaté une journaliste de l’AFP.

Cette manifestation a été organisée à peine deux semaines après la diffusion de l’émission de France Télévisions « Cash Investigation », qui pointait du doigt des multinationales de l’agrochimie comme Bayer, Monsanto ou Syngenta.

« Il fallait absolument faire quelque chose très vite tant que le grand public était encore sous le coup de l’émotion et de l’électrochoc provoqués par l’émission », a expliqué à l’AFP Valérie Murat, co-organisatrice de cette marche.

« Il faut absolument sensibiliser le public à tous ces risques pour les salariés agricoles et les riverains des zones polluées. Et ce, même si certains lobbyistes utilisent leur caution scientifique pour semer le doute dans les esprits. Ce sont les mêmes qui sont salariés de Monsanto ou autres », a ajouté Mme Murat.

Son père vigneron, James Bernard Murat, est mort en décembre 2012 d’un cancer dont le caractère professionnel, lié à l’utilisation d’arsénite de sodium, a été reconnu en février 2011. La plainte contre X pour « homicide involontaire » déposée le 27 avril 2015 par la famille de M. Murat, devant le Pôle de santé publique du TGI de Paris, a abouti en juillet 2015 à l’ouverture d’une enquête préliminaire.

Pour Marie-Lys Bibeyran, co-organisatrice de la manifestation de dimanche à Bordeaux, « les dégâts de l’agrochimie sur la santé publique en France sont impossibles à évaluer, car il y a une sous-représentation réelle du nombre de salariés touchés qui ne se manifestent pas par crainte de représailles des employeurs ou simple méconnaissance de l’institution judiciaire. »

Elle-même est la sœur d’un ouvrier viticole Denis Bibeyrand, décédé d’un cancer rare en 2009. Depuis lors, elle se bat pour faire établir un lien éventuel entre la maladie de son frère et l’exposition aux pesticides liée à son activité professionnelle.

Le 7 janvier 2014, le tribunal des affaires de sécurité sociale de Bordeaux avait rejeté la demande de reconnaissance de maladie professionnelle. Mais le 16 avril 2015, la cour d’appel de Bordeaux, saisie par Mme Bibeyrand, a ordonné une expertise médicale dont elle attend les conclusions.

La pétition contre l’usage des pesticides qu’elle a mise en ligne en septembre 2015 a par ailleurs recueilli à ce jour 68.500 signatures, a-t-elle précisé à l’AFP.