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« Les Aligoteurs » secouent la hiérarchie des cépages bourguignons

Auteur

Laurent
Gotti

Date

03.05.2018

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C’est l’histoire du mal-aimé qui revient dans la lumière… L’aligoté, cépage secondaire en Bourgogne, a jusqu’ici joué le rôle de faire-valoir pour le noble chardonnay. Les temps seraient-il en train de changer ? Une association s’y emploie.

On ne sait pas grand-chose sur les origines du cépage aligoté, si ce n’est que c’est un cépage de cuve blanc, cultivé surtout en Bourgogne, issu d’un croisement de pinot noir et de gouais (ce dernier est aussi un parent du chardonnay et du gamay). Longtemps l’acidité mordante de l’aligoté, récolté en sous-maturité, en a fait le compagnon tout trouvé de la liqueur de cassis locale. Un mariage qui a donné le fameux Kir… Denis Morelot le cite en 1831 dans son célèbre ouvrage La vigne et le vin en Côte-d’Or en précisant qu’il est cultivé « particulièrement dans les vignes communes », qu’il « n’a pas les qualités du chardenay (chardonnay), mais il n’est pas sans mérite ». Il était notamment apprécié pour son aptitude à donner des raisins avec profusion quand l’année est propice. Mais comme quantité est rarement synonyme de qualité dans le monde du vin, le cépage a rarement eu bonne presse…

Pourtant l’image de l’aligoté évolue. La création de l’appellation Bouzeron en 1998 a marqué une étape notable dans ce retour en odeur de sainteté. C’est la première appellation village où ce cépage est à l’honneur (et non pas l’inévitable chardonnay).

En s’avançant un peu, la deuxième date à retenir est certainement 2018 avec la création de l’association Les Aligoteurs. Plusieurs viticulteurs évoquaient cette initiative depuis quelques années. C’est chose faite avec pour ambition la promotion de l’aligoté de terroirs, l’aligoté d’auteurs… Un premier salon s’est tenu le 23 avril dernier à Flagey-Echezeaux (côte de Nuits) chez Philippe Delacourcelle, restaurateur amoureux de l’aligoté.

De quoi démontrer que ce cépage peut donner de grands vins, pour peu qu’il soit planté sur des sols pauvres, taillé court et vendangé tardivement.

Voici quelques exemples d’Aligoté particulièrement réussis dégustés au cours de ce salon :

Domaine de Villaine (Bouzeron)
Bouzeron 2016 et 2010

Vincent Dureuil-Janthial (Rully)
Bourgogne Aligoté 2016 et 2015

Arnaud Ente (Meursault)
Bourgogne Aligoté 2015

Domaine Jean Fournier (Marsannay)
Bourgogne Aligoté 2015

Domaine Gachot-Monnot (Corgoloin)
Bourgogne Aligoté 2014

Alex Gambal (Beaune)
Bourgogne Aligoté 2013

Domaine Guilhem et Jean-Hugues Goisot (Saint-Bris-le-Vineux)
Bourgogne Aligoté 2010

Domaine Lejeune (Pommard)
Bourgogne Aligoté 2014

Thibault Liger-Belair (Nuits-Saint-Georges)
Bourgogne Aligoté 2015