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André Ostertag, « ému et émerveillé »

Auteur

La
rédaction

Date

24.09.2012

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« Ému et émerveillé », ce ne sont pas forcément des mots que l’on s’attend à trouver dans la bouche d’un vigneron à la veille de démarrer les vendanges. Et pourtant, tel est bien le ressenti de l’Alsacien André Ostertag, face au millésime qui s’annonce.

L’affaire semblait pourtant mal engagée. En Alsace comme ailleurs, ce millésime 2012 ne s’annonçait pas sous les meilleurs auspices : « en 33 ans de métier, je n’ai jamais connu autant de difficultés à l’entame d’un millésime, commence André Ostertag. Les conditions climatiques du printemps et du début d’été ont été extrêmement défavorables, avec deux séquences de grêle en juin, des tempêtes qui ont démonté le palissage, les coulures, le millerandage, les attaques de mildiou… Certes, d’autres régions ont été encore plus touchées que nous, notamment par les gelées d’hiver, mais ces derniers mois, à certains moments, nous étions franchement découragés. Il fallait vraiment se battre, parfois il pleuvait tous les jours sans discontinuer ! » Heureusement, dès la seconde moitié du mois de juillet, l’horizon s’est éclairci pour ce vigneron qui a repris en 1980 les rênes du domaine créé par son père vingt-cinq ans plus tôt.

Honneur aux pinots

« Comme par miracle, le temps est devenu très favorable : finalement août et septembre ont sauvé ce millésime, qui s’annonce comparable à 2005 et 2008 en Alsace. Pour les rendements en revanche, on est plus proche de 2010 – beaucoup de petits grains, un rapport inhabituel entre matière solide et liquide, les raisins sont pulpeux mais peu juteux, les extractions sont difficiles à prévoir… » Si la quantité devrait faire défaut, André Ostertag se veut en revanche très optimiste sur la qualité : « cela se goûte très bien, je suis même ému et émerveillé par la qualité des raisins. Les équilibres sont là, les acides maliques sont faibles, les acides tartriques prometteurs… Finalement ce début de millésime compliqué aura eu une incidence sur la récolte mais pas la maturité, et aujourd’hui on a l’impression d’avoir une année sauvée. »

Malgré l’optimisme, André Ostertag va garder un œil vigilant sur les bulletins météos des deux semaines à venir. Sur son domaine de 15 hectares répartis sur une centaine de parcelles de vignes (dont quelques grands crus comme Muenchberg ou Fronholz), les vendanges débutent demain, mardi 25 septembre. « Nous ne sommes pas dans l’urgence, souligne le vigneron. Il y a eu 16 mm de pluie vendredi soir, mais d’expérience cela n’agit plus sur le raisin : la plante est en sève descendante, il n’y a plus de dilution. Néanmoins nous commençons demain pour que les degrés alcooliques n’explosent pas ». Honneur aux pinots pour commencer (gris, noir, blanc), puis au sylvaner.

En attendant le riesling

Le riesling viendra plus tard : « c’est un cépage plus tardif, qui a la particularité de continuer à mûrir même dans la fraîcheur, quand il fait 12 °C. Il est donc décalé par rapport aux autres, nous allons voir si on va enchaîner directement ou faire une coupure avant de commencer à le vendanger. Nous tablons sur le 8 octobre, à vue de nez ». Quant au gewurztraminer, tout dépendra de sa maturité : « ici nous visons des maturités plus élevées, donc nous récolterons soit en fin de semaine prochaine, soit après les rieslings ».

André Ostertag souligne la belle homogénéité entre les différents cépages et terroirs de son domaine : « il est encore trop tôt pour sortir quelque chose du lot, il faudra goûter les jus. Bien sûr les potentiels sont différents (un grand cru sera toujours un grand cru), mais dans l’ensemble je trouve la qualité très homogène ». Est-ce la résultante d’une conduite du vignoble en biodynamie ? « J’ai trop le nez dans le guidon pour tirer de telles conclusions, modère-t-il. Je n’ai jamais vu une telle intensité d’attaques, et personne n’a été épargné – conventionnel, bio, biodynamie… Ce que j’ai constaté, c’est que mes vignes ont vite su passer le cap des problèmes, je suis impressionné par la capacité de la plante à se ressourcer ». Vraiment, ce millésime 2012 est un motif d’émerveillement pour André Ostertag.

Mathieu Doumenge

domaine-ostertag.fr