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Beaucastel déploie ses ailes

Auteur

La
rédaction

Date

30.01.2012

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Un millésime 2010 qui s’annonce remarquable, une cuvée d’exception « Hommage à Jacques Perrin » qui tutoie les plus grands vins du monde sur la place de Bordeaux… Le Château de Beaucastel, fleuron de Châteauneuf-du-Pape, va faire l’actualité du vin en 2012.

L’exploit réalisé en 2011 par le Château de Beaucastel n’a laissé aucun observateur du monde du vin indifférent : pour la première fois, un vin français non originaire de la région bordelaise a réussi à s’imposer sur la « place de Bordeaux », le très exclusif marché des négociants en vins de la capitale girondine.

Jusqu’ici connue pour réserver ses faveurs aux vins de Bordeaux (avec une priorité aux plus grands) et à quelques pointures internationales comme l’Américain Opus One, le Chilien Almaviva et le « Supertoscan » Ornellaia, la place de Bordeaux a attendu 2011 pour se laisser séduire par un grand vin de Châteauneuf-du-Pape. Un nectar d’exception pour un domaine de référence : la cuvée « Hommage à Jacques Perrin » du Château de Beaucastel.

Histoire de famille

Le Château de Beaucastel, dont les origines remontent au moins au XVIème siècle, appartient depuis 1909 à la famille Perrin, qui en est encore aujourd’hui l’unique actionnaire. Le domaine est entièrement géré « en famille », par sept frères, sœurs et cousins, qui se partagent les tâches et les décisions. Mais ce n’est pas là l’unique originalité du domaine : « Beaucastel est un domaine de 100 hectares, une taille assez rare en Châteauneuf-du-Pape, souligne Marc Perrin, l’un des piliers de la famille. Il est situé sur la pointe nord de l’appellation, dans un climat frais, exposé au mistral (plus de 150 jours par an), sur un terroir très riche de calcaire, d’argiles et de sables. C’est cette disposition unique qui donne aux vins cette superbe combinaison de puissance, de chair, d’élégance et de fraîcheur. »

Mais la particularité de Beaucastel ne s’arrête pas là. Tout d’abord, la famille Perrin est aussi depuis les années 70 à la tête de La Vieille Ferme, une importante maison de négoce rhodanienne qui s’est imposée avec succès – notamment – sur le marché américain. Mais surtout, depuis les années 1950, le domaine est en agriculture biologique, et depuis 1974 en biodynamie. Une « philosophie » d’excellence amorcée par Jacques Perrin, dont les petits-enfants perpétuent l’esprit aujourd’hui. « Mon grand-père a été l’un des pionniers du bio et de la biodynamie, poursuit Marc Perrin, et pour nous il est tout à fait naturel de nous inscrire dans cette philosophie. Travailler les sols avec respect, être attentif à la conduite de la vigne, aux préparations, au climat, au calendrier… Nous n’en faisons ni un outil de communication, ni un argument de vente. C’est notre conviction et notre ligne de conduite ».

Cuvée d’exception

Une philosophie qui se retrouve bien sûr dans les vins de Beaucastel, des châteauneufs racés et élégants, issus de l’assemblage expert des treize cépages de l’appellation. Mais qui s’incarne surtout dans la cuvée « Hommage à Jacques Perrin », inaugurée en 1989. Le premier millésime sur lequel Marc Perrin a travaillé. Il nous explique : « nous avons voulu signer une cuvée spéciale en hommage à mon grand-père, qui ferait la part belle au cépage mourvèdre. En temps normal, il est présent à hauteur de 30% dans nos vins mais pour cette cuvée, il est à 70%. Le mourvèdre est un cépage délicat et tardif, surtout dans notre région : il est à la limite nord de sa maturité. Il ne peut donc s’exprimer pleinement que dans les années marquées par un été indien. Nous avons décidé de ne produire « Hommage à Jacques Perrin » que pour les millésimes d’exception ». Soit une douzaine de millésimes depuis son apparition : à chaque fois, des vins de longue garde, intenses, aux subtils arômes de fruits noirs, d’épices, de cuir et de gibier. Des vins rares, produits à 6000 bouteilles environ, donc très demandés… et onéreux.

C’est presque naturellement que ce vin d’exception est donc arrivé sur la place de Bordeaux, l’année dernière, avec son millésime 2009. Et s’apprête à revenir en septembre cette année avec le millésime 2010 qui s’annonce remarquable. « 2010 a été marqué par une superbe maturité des raisins, et par des nuits fraîches qui ont permis de trouver un équilibre magnifique. C’est un millésime d’anthologie pour le sud de la vallée du Rhône, digne des 85, 78 ou 62. Les vins sont élégants, frais et veloutés ». La cuvée « Hommage à Jacques Perrin » 2010 devrait donc s’imposer sans mal au côté des grandes étiquettes bordelaises et des poids lourds de la viticulture mondiale. « La place de Bordeaux est une machine commerciale extraordinaire, s’enthousiasme Marc Perrin. A Beaucastel, nous avons bien sûr notre réseau d’importateurs exclusifs auxquels nous sommes attachés, mais pour une telle cuvée d’exception, rare et recherchée, le fait d’être sur la place de Bordeaux nous a ouvert des horizons immenses ». Travaillant avec un « pool » de sept négociants bordelais, Château de Beaucastel séduit déjà de nouveaux marchés de connaisseurs, notamment en Asie. Et Marc Perrin de conclure : « La Chine représente un potentiel colossal. Les Chinois ont un vrai appétit pour le vin, une culture du goût, et une diversité de cuisines qui font que le vin va forcément s’imposer. » En 2012, Beaucastel va-t-il conquérir l’Orient ?

Mathieu Doumenge