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Caroline Brun, la vie rêvée des bulles

Auteur

Laurie
Andrès

Date

24.05.2019

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Elle vit le jour, revit la nuit. Caroline Brun, artiste insomniaque, panse ses plaies. Elle fait partie de ses femmes en Champagne qui n’ont pas eu la possibilité de reprendre l’exploitation familiale, se heurtant au plafond de verre qui caractérise encore trop souvent le monde du vin. Un rêve brisé auquel elle aspire toujours. Mais duquel est né une passion, celle de la peinture.

Une histoire de famille compliquée, les tracas de la vie, des douleurs sentimentales, et puis… la révélation. Caroline a découvert la peinture il y a 6 ans. « Un moyen de survie » dit-elle. La nuit, toujours la nuit, elle laisse transpirer ses émotions sur toile en peignant « les bulles » pour traduire « de façon très particulière et personnelle, le plaisir de la dégustation ». Née dans une famille de négociants, le champagne, ses contours et ses histoires font partie de sa vie. Son premier tableau l’a littéralement transportée. La « dégustation visuelle » était née. Un art singulier mêlant intimité et pudeur, un exutoire nécessaire.

« La vinification est un art, je me libère »

Caroline n’utilise pas de pinceau, la matière se suffisant à elle-même. « La vinification est un art, je me libère ». Il faut dire que la personnalité, la sensibilité des vignerons qu’elle rencontre est une condition sine qua non pour commencer une toile. « Je ne pourrais pas peindre des vins plats », dit-elle. Elle y dégage l’identité du vigneron, par l’ajout de matières œnologiques – parfois secrètes – pour expliquer la dégustation.

« Minéralité », « Blanc de noirs », autant de noms évocateurs qui permettent aux non avertis de percevoir la dégustation sous un aspect artistique et sensitif.
Plus que des fiches techniques, ce sont des suppléments d’âmes. Hors cadre, elle saisit l’énergie des vins qu’elle déguste puis les met sur toile. Tantôt des cercles – représentant le vortex de l’effervescence mais aussi tourbillon de la vie – tantôt des lignes pour l’équilibre : les créations de Caroline sont à double lecture.

Peindre des sensations gustatives fait appel à la synesthésie, cette faculté d’associer des expériences sensorielles à d’autres (ici visuelles). En d’autres termes, les synesthètes ne voient pas forcément la couleur mais ce à quoi elle est associée. C’est une faculté rare mais aussi et surtout une autre manière de percevoir ce qui nous entoure. Un regard sur ce monde que Caroline affine au grès de ses rencontres, ses humeurs.

A fleur de peau mais lucide, Caroline Brun ne perd pas espoir un jour de faire ses propres vins. Mais elle a trouvé un moyen d’expression qui lui apporte une revanche sur la vie. Une reconnaissance qu’elle n’avait pas eue jusqu’ici. Elle vit, revit, jour et nuit.

www.caroline-brun.com