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Cave du Marmandais : le renouveau pour sortir de la tempête

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

03.03.2016

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Malgré un procès est encore en cours, la cave du Marmandais se démène avec une nouvelle équipe, de nouveaux adhérents et de nouvelles cuvées.

Pas facile de maintenir le cap dans la tempête qui souffle de tous côtés sur les vignes du Marmandais. La cave coopérative qui pèse 95% de l’appellation tente de faire face avec une nouvelle équipe, Paul Caris, nouveau directeur, ancien maître de chai des cognacs Ferrand, et Sandra Jofroit au marketing (ex Maison Bouey, arrivé il y a un peu plus d’un an). Une cure de jouvence dans un contexte délicat de procès pour falsification, tromperie sur la marchandise et utilisation frauduleuse d’une AOC (prochaine étape le 25 mars prochain). Des faits qui remontent à 2008-2010 et qui mettent en évidence « une gestion approximative du chai ayant entrainé une baisse de la qualité et de la production ». L’ancien directeur, Frédéric Costella, avait largement contribué au redressement de la cave en misant sur la montée en gamme avec la directrice marketing Céline Lannoye. Ils ont tous les deux quitté le navire il y a quelques mois pour prendre les rênes des Etablissements Ballarin, fabricant de crémants de Bordeaux. Dernier coup du sort, le décès fin janvier à 61 ans de Jean-Jacques Simonnet, président de l’ODG Côtes du Marmandais de 2006 à 2014, fondateur de Festivino en 2010 et artisan de la fusion entre la caves de Beaupuy et Cocumont en 2003 qui avait vu naître la cave du Marmandais.

Des adhérents Insolite

L’année 2015 a été l’année de tous les records. « La valorisation a plutôt bien fonctionné, peut-être trop même puisque nous avons vendu plus que ce que nous produisons, analyse Sandra Jofroit. 2015 a été une année record, surtout après les petits millésimes 2012 et 2013, grignotant sur notre stock correspondant désormais à l’équivalent de moins d’une récolte ». « Il va falloir vendre peut-être moins, mais mieux et augmenter notre notoriété » estime Paul Caris qui rappelle que 95% des volumes sont désormais vendus en bouteille soit 6 millions de cols (seulement 15% il y a 7 ans).

Et de mettre en exergue la nécessité d’augmenter les surfaces de production pour atteindre 50 000 hl par an (aujourd’hui 47 000) avec de nouveaux adhérents et nouvelles plantations. Arrive ainsi dans la cave qui produit 60% de rouge, 37% de rosé et quelques bouteilles de blanc… du sauternes. Cette extension de gamme peut apparaître d’un premier abord bien étrange. Certes, Sauternes n’est pas si loin, une cinquantaine de km, mais l’alliance est pour le moins étonnante. Les 16 producteurs de la nouvelle cave Sauternes Vignerons sont pourtant venus frapper à la porte du Marmandais l’été dernier, suivant une logique de complémentarité de l’offre, pour devenir adhérents de la cave en attendant leurs installations collectives de vinification. Chacun vinifie son raisin, confié ensuite à la coopérative pour l’assemblage selon un cahier des charges précis, pour l’embouteillage, le packaging et la commercialisation. Ils ont signé pour 5 ans, apportant dans leurs bagages 500 hl de ce prestigieux liquoreux produits sur un total d’une quarantaine d’hectares. Ils viendront compléter près de 800 ha marmandais (pour 110 adhérents). Sandra Jofroit s’en est emparé avec délectation pour créer une cuvée L’Insolite Création, la bien nommée, à base de 100% sémillon trié et fermenté en barriques (14, 90€). Pour seller le renouveau de la cave qui joue de plus en plus le cépage autochtone abouriou (aujourd’hui 20% de l’encépagement), elle met également en avant une cuvée Rendez-vous à 85% abouriou. Un vin fruité-épicé de caractère mais à boire jeune (5, 90 €) et au packaging moderne pour répondre aux besoins des grandes surfaces, clients majoritaires de la coopérative.