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Ces vignerons qui misent sur le financement participatif

Auteur

La
rédaction

Date

25.06.2013

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Pour faire vivre leur domaine du Minervois et rénover leur outil de travail, Christelle et Michaël Barthes, jeune couple de vignerons, ont choisi de faire appel au site MyMajorCompany.com et au financement participatif.

« C’est le projet de ma vie. Cela fait vingt ans que j’y travaille. Aussi quand les banques n’ont pas donné suite, j’ai eu envie de tout balancer ». Michaël Barthes est un jeune vigneron d’Agel dans le Minervois.

Avec sa femme, Christelle, il y cultive avec passion 40 hectares de vignes dont 21 sont classés en AOC Minervois : « C’est ma terre, ma vie ! », répète-t-il avec pudeur. Le jeune couple – et ses deux enfants en bas âge – n’a qu’une envie : « vivre au domaine ».

Une propriété familiale et sa cave à flanc de coteaux qui ont bien besoin d’une seconde jeunesse.

Les banques ne suivent pas

Mais les banques n’ont pas suivi, ce qui a entraîné la perte de subventions européennes promises. La nouvelle est tombée comme un coup de massue. « Un ami, Christophe, qui avait réalisé notre site internet, nous a alors conseillé de penser au financement participatif, se souvient Christelle. Son père venait de financer des ruches grâce à MyMajorCompany » (voir plus bas).

Le scepticisme laisse pourtant place à la curiosité. « Pour nous, ça ne concernait que les arts, on n’y croyait pas, sourit Christelle Barthes. Et puis, les responsables du site ont validé notre projet un mois plus tard ». Pour restaurer l’outil de production, le jeune couple veut rénover la cave et réaliser un petit caveau pour y accueillir ses clients. Mari et femme ont ainsi mis en ligne leur projet en commençant “petit”.

Financer une première cuve

Ils font donc appel à la générosité du web pour financer une première cuve de 40 hectolitres. Pour un montant de 6 818 €. Et cela fonctionne ! En moins de trois semaines, les dons ont commencé à affluer : une cinquantaine de généreux contributeurs ont permis de rassembler plus d’un tiers de la somme.

« On ne pouvait pas imaginer que ça intéresserait qui que ce soit, s’enthousiasme Christelle. Les gens témoignent, nous encouragent. Ça vient d’un peu partout en France et même d’Allemagne ! » Le bouche-à-oreille commence à fonctionner. Habituellement, ce genre de projets s’accompagne d’une contrepartie. Là, le jeune couple a sorti une cuvée spéciale “Une autre histoire”.

De généreux donateurs d’un peu partout

« On se propose de leur envoyer une bouteille mais nombre d’entre eux nous ont spontanément répondu de garder les fonds et qu’ils passeraient le boire avec nous s’ils viennent dans la région, expliquent-ils dans un sourire. On se demande comment on pourra remercier tous ces gens qui croient en nous. »

Il ne leur reste plus que quelques semaines pour réunir la somme : le 31 août, il sera trop tard. Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, une banque vient de se manifester pour soutenir leur entreprise. Et l’une de leur cuvée a été primée au salon de l’agriculture à Paris.

Arnaud Fauli (source)

BONUS : Le financement participatif, qu’est-ce que c’est ?

En débarquant en 2007, le site MyMajorCompany.com, fondé par le fils de Jean-Jacques Goldman et ses associés, avait révolutionné le Landerneau artistique français. Pensez donc, les musiciens pouvaient contourner le système de grandes maisons de disques (les “majors”) pour produire leur disque grâce au soutien financier de leurs futurs fans. Le chanteur Grégoire et son titre “Toi + Moi” en furent le pur produit.

Mieux, en 2008, son album engendra 680 000 € de bénéfices grâce aux ventes d’albums et aux téléchargements de son tube.

Depuis, la petite start-up a tracé sa route et élargi son champ d’action toujours basé sur le financement participatif. Le principe est en effet toujours le même : il consiste à faire financer son projet par… qui veut bien.

Des créateurs de tous horizons (musique, évidemment, mais aussi littérature, film, mode et design, sports, etc.) peuvent présenter leur projet à des milliers d’internautes et collecter les fonds nécessaires à leur réalisation. Ce procédé a permis à des dizaines de milliers de projets de voir le jour à travers le monde.

Chaque créateur définit le montant (sa jauge) dont il a besoin pour réaliser son projet et la durée de sa collecte. L’objectif du porteur de projet est de remplir sa jauge avant sa date de fin de collecte. Certains projets sont même susceptibles de rapporter de l’argent aux contributeurs… Mais assurent les responsables : ce n’est pas « un moyen de s’enrichir » !