Accueil Clap de fin sur la « Champagne Week » : que vaut 2014 en Champagne ?

Clap de fin sur la « Champagne Week » : que vaut 2014 en Champagne ?

Auteur

La
rédaction

Date

24.04.2015

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Dans un contexte de réchauffement climatique clair, le millésime 2014 s’avère plutôt éloquent en Champagne, comme l’a prouvé cette semaine de salons dans la région. Mais il servira plus aux champagnes bruts qu’aux millésimés.

C’est un peu le clap de fin sur les salons de vignerons qui ont animé toute la semaine en Champagne. Que faut-il penser du millésime 2014 ? La plupart des vignerons proposaient en effet aux côtés de leurs champagnes quelques échantillons de vins clairs 2014.

Zoom rapide sur l’année culturale : pas d’accident climatique, printemps précoce, belle floraison, suivi d’un mois d’août exceptionnellement frais et arrosé. Une fois de plus, c’est une fenêtre de beau temps inespérée et quasi caniculaire, sur la dernière semaine d’août et la première moitié de septembre, qui a changé toutes les prévisions.

Il convient toutefois d’être un peu plus précis, car cet été « super indien », qui tend à se reproduire de plus en plus souvent, n’est pas sans poser question aux professionnels. Il semble signer une des conséquences du réchauffement climatique, et par là-même une nécessaire adaptation des conditions de production. « Depuis 1961, la température moyenne a augmenté de 0, 8°C dans le monde et de 1, 2°C en Champagne, observe Dominique Moncomble, directeur technique du comité Champagne. Le plus perturbant est ce côté très changeant des températures et de la pluviométrie, avec des extrêmes de plus en plus marqués. [… En termes d’organisation], le problème majeur est la gestion d’une vendange qui rentre chaude et le délai entre la cueillette et le pressurage».

Autre conséquence : les longs et lents cycles de maturation qui caractérisaient ce vignoble, les nuits fraîches avec d’importants gradients de température jour/nuit, tout cela tend à évoluer. Et les cépages n’y réagissent pas dans les mêmes proportions.

Chardonnay, pinot meunier, pinot noir

Globalement, l’année 2014 a bien réussi au chardonnay, une fois de plus. Ce cépage extrêmement adaptable sait tirer profit de chaque élément météorologique favorable, et au contraire mieux s’abriter sous sa peau épaisse et protectrice en cas d’adversité. Il confirme son statut de valeur sûre, avec une belle diversité sur l’ensemble du vignoble. Les chardonnays 2014 sont croquants, faciles à utiliser sur les assemblages, et certaines cuvées donneront aussi lieu à des millésimés comme l’ont confirmé des grandes maisons comme Taittinger (cuvée Comtes de Champagne, Côte des blancs) ou des vignerons comme les champagnes Jacques Copinet (chardonnays du Sézannais).

Le pinot noir est un cépage rouge, et par essence même plus capricieux. Le mois d’août très humide s’est fort heureusement rattrapé en septembre, donnant toutefois un caractère peut-être plus fin que la puissance et la structure habituelles. D’importantes hétérogénéités ont été observées sur le vignoble, et le tri était nécessaire. A Mailly grand cru, « nous avons poussé très tard les maturités, mais sans réussir à trouver les équilibres qu’un été plus long aurait donnés, note Sébastien Montcuit, chef de cave ». Au contraire, sur le terroir « solaire » de Bouzy, le champagne Herbert Beaufort s’apprête à millésimer quelques cuves, surtout sur le début de vendanges, et Nicolas Feuillatte est très satisfait de certains rosés de saignée 100 % pinot noir, qui pourraient donner lieu à un Palmes d’Or rosé 2014.

Le pinot meunier est le cépage qui a le plus souffert de ces conditions climatiques extrêmes, et sa peau fine le protège mal des agressions sanitaires. « Il fallait être particulièrement attentif à son vignoble pour vendanger au bon moment car un pinot meunier peut tourner en deux jours avec de fortes chaleurs », observe Jean-Marc Charpentier à Villers-sous-Châtillon. « Sur 12 jours de vendanges, j’ai décidé de pour la première fois de vendanger les deux dimanches [NDLR : malgré le coût de récolte bien supérieur] », se félicite le jeune vigneron. Si certaines cuvées tirent leur épingle du jeu avec une belle fraîcheur et des goûts souvent plus acidulés que les classiques fruits blancs, dans la très grande majorité, les pinots meuniers entreront dans les assemblages des bruts classiques.

J. W. B.

Photo : séance d’assemblage au champagne Chassenay d’Arce