Accueil Classement de Saint-Émilion : double mise en examen pour « prise illégale d’intérêts »

Classement de Saint-Émilion : double mise en examen pour « prise illégale d’intérêts »

Auteur

AFP

Date

02.10.2018

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Deux personnalités de la viticulture bordelaise ont été récemment mis en examen pour « prise illégale d’intérêts », soupçonnées d’avoir été à la fois juge et partie dans le classement de grands crus, a-t-on appris lundi auprès du parquet de Bordeaux, confirmant une information de Mediapart.

Hubert de Boüard, copropriétaire du Château Angelus, l’un des quatre premiers grands crus classés A de Saint-Emilion, et Philippe Castéja, propriétaire du château Trottevieille, ont été mis en examen pour « prise illégale d’intérêts par charge de mission de service public dans une affaire dont il assure l’administration ou la surveillance », a indiqué le parquet.

Une information judiciaire avait été ouverte dans cette affaire par le parquet le 29 novembre 2013.

Selon Mediapart, les deux hommes, mis en examen respectivement les 18 et 19 septembre, sont soupçonnés d’avoir participé à l’élaboration d’un nouveau règlement relatif au classement 2012 des Saint-Emilion grand cru.

Ils sont également soupçonnés d’avoir participé au processus de classement lui-même, alors qu’ils avaient des « intérêts directs ou indirects » dans ce classement, ajoute le site d’information.

Selon la même source, pendant la procédure de classement entre 2007 et 2012, M. de Boüard a cumulé des fonctions importantes dans le monde du vin bordelais dont la présidence du comité régional de l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité), de même que M. Casteja pendant l’élaboration du classement 2012 (membre du comité national de l’INAO).

Trois vignerons, contestant le classement où ils étaient évincés ou rétrogradés, avaient porté plainte en 2013.

Ce classement décennal créé en 1955, véritable enjeu commercial et financier pour les propriétés viticoles, est révisé tous les dix ans par l’INAO dépendant du ministère de l’Agriculture.

Les deux hommes sont « soupçonnés d’avoir été juge et partie intéressée à la décision, ce qui a des conséquences économiques considérables » dans la valeur des vins, a précisé à l’AFP¨une source proche du dossier.

Contacté par l’AFP, M. Casteja s’est déclaré « serein dans ce dossier ». « Je ne me suis jamais occupé de classement de Saint-Emilion », a-t-il encore dit.