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Cognac : les Jeunes Agriculteurs dénoncent un détournement des autorisations de plantation

Auteur

AFP

Date

28.01.2017

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Le syndicat des Jeunes Agriculteurs (JA) de Charente-Maritime a dénoncé vendredi auprès de l’AFP les pratiques de viticulteurs de cognac, qui détournent selon eux des autorisations de plantation pour étendre leurs vignes dans un vignoble pourtant contingenté.

Le syndicat fustige depuis plusieurs mois les pratiques de ces viticulteurs qui, estime-t-il, profitent d’une « faille » dans la nouvelle réglementation européenne des autorisations de plantation, entrée en vigueur au 1er janvier 2016, pour contourner le contingentement des hectares dans le vignoble du Cognac.

« Ces viticulteurs achètent des droits de plantation dans des vignobles en crise comme le Muscadet (Loire-Atlantique) et les Pyrénées-Orientales, ainsi que dans le vignoble secondaire du Bordelais (Gironde). Puis au bout d’un an, rapatrient ces droits de plantation dans le cognac », s’indigne Julien Rouger, président des JA en Charente-Maritime.

« Cette pratique n’est pas illégale », reconnaît le syndicaliste, « mais elle pose un problème pour l’équilibre de la filière ». « Il y a réellement une faille, c’est de ne pas avoir conservé la limite qui existait dans la réglementation précédente et qui interdisait de planter des vignes pour le cognac au-delà de 70 km de l’exploitation », précise-t-il.

Selon plusieurs sources au sein de la profession, l’intérêt de ces « vautours », tels que les qualifie le syndicat, est d’acheter un hectare entre 5.000 et 10.000 euros dans un vignoble en crise pour ensuite rapatrier ces autorisations de plantation dans celui du cognac, où le prix de l’hectare varie de 30.000 à 70.000 euros.

Contacté par l’AFP, le président du Bureau national interprofessionnel du Cognac (BNIC), Jean-Bernard de Larquier, a dénoncé fermement l’utilisation de ce « biais peu déontologique ». « Nous sommes contre ces pratiques » qui « perturbent l’équilibre de la filière », a-t-il déploré.

« Nous mettons tout en œuvre pour que la réglementation législative soit corrigée au plus vite », a-t-il ajouté. Selon M. de Larquier, entre 200 et 300 hectares auraient été ainsi rapatriés en plantation par des vignerons peu scrupuleux.

Seules les productions de spiritueux sont concernées par cette faille, l’AOC s’appliquant à l’étape de la distillation et non pas de la production de raisin. Cette dernière peut être issue de vins sans indication géographique, qui selon la nouvelle réglementation européenne peuvent être produits sur tout le territoire.

Les ventes de cognac ont connu en 2016 une nouvelle une année « historique », avec une croissance de 6% en volume et de près de 7% en valeur. Le chiffre d’affaires s’élève à 2, 76 milliards d’euros.

Selon le BNIC, des autorisations pour 250 hectares supplémentaires de vignes ont été accordées en 2016, et 800 hectares le seront pour 2017, dans la perspective d’une poursuite de l’expansion du marché.