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Concours de dégustation : quand les grandes écoles se challengent

Auteur

Idelette
Fritsch

Date

18.03.2019

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Le SupAgro Wine Challenge, dernier né en France des concours de dégustation inter-grandes écoles, distinguait samedi 16 mars les « nez du vin », parmi l’élite de demain. l’EM Lyon est sorti vainqueur de cette compétition où se sont affrontés les clubs d’œnologie de 10 grandes écoles françaises, lors d’un oral impressionnant de maîtrise.

Elle ne disposait pas encore de concours de dégustation inter-grandes écoles mais Montpellier SupAgro, « le Harvard du vin » comme on qualifie cette école agronomique de référence en France, vient de franchir un cap décisif avec le SupAgro Wine Challenge.

Organisé samedi 16 mars au domaine royal de Jarras (ex-Listel), propriété de Vranken-Pommery en Camargue, cette première édition faisait se confronter par équipes de trois, les étudiants des clubs d’œnologie de dix grandes écoles françaises : Polytechnique, Centrale Supélec, ENSTA Paris Tech, Panthéon Assas, AgroParis Tech, Em Lyon pour ne citer qu’elles.

L’événement est une initiative de Julien Fort et Luc Frédéric, deux ingénieurs agronomes de Montpellier SupAgro qui projettent déjà pour la deuxième édition, en 2020, une compétition internationale intégrant les clubs d’œnologie d’Harvard, Oxford, Cambridge, avec des commentaires 100% en anglais.

L’aile ou la cuisse

Le principe du SupAgro Wine Challenge consiste à faire se confronter les étudiants de ces établissements avec une dégustation à l’aveugle, par équipe de 3. Au domaine de Jarras, tous les participants devaient déguster 12 vins (3 effervescents, 3 blancs, 3 rosés et 3 rouges), avec pour objectif de déterminer les cépages, les régions viticoles, les appellations, les terroirs, les millésimes et le cas échéant les noms de domaines.

Au terme de cette première étape chronométrée, la finale a départagé lors d’un grand oral, 3 équipes finalistes avec une dégustation à l’aveugle commentée (sans préparation). En l’occurrence, c’est l’EM Lyon Business School qui s’est distingué pour son commentaire sur le blanc, un Bourgogne Corton Charlemagne grand cru de la maison Jacques Prieur, millésime 2014. L’équipe y avait décelé et commenté, un « Bourgogne, 100% chardonnay, qui par son côté minéral nous oriente vers un grand cru ». Impressionnant de maîtrise, tout autant que les commentaires des finalistes de l’ENSTA Paris Tech invités à décrypter un Liber Pater 2007 de Loïc Pasquet. Et qui sans atteindre au Graal, ont néanmoins identifié la région viticole (Bordeaux), le terroir des Graves et un millésime approchant.

« J’ai été impressionné par les facultés de dégustation de ces jeunes et le niveau de précision atteint notamment dans la caractérisation des terroirs, des cépages », confie Thierry Gasco, président du jury, ancien chef de cave de la maison Pommery et ancien président des Œnologues de France.

Les clubs d’œnologie, le nouveau Facebook

Impressionné, mais déjà convaincu du professionnalisme de ces jeunes, car les grandes écoles disposent à peu près toutes de leurs clubs de dégustation. Et se soumettent à un entraînement draconien. Sup de coteaux, l’association d’œnologie de l’Em Lyon plafonne ainsi à 40 adhérents annuels qui se réunissent au rythme de deux dégustations par semaine. L’école polytechnique sert les rangs avec 17 adhérents et une multitude d’événements, au même titre que le SWIC, le club de dégustation de SupAgro, bien positionné avec deux dégustations hebdomadaires (6 rouges, 6 blancs) imposées aux 13 candidats qui s’entraînent pour les concours.

« Avec 216 grandes écoles françaises générant 60 000 diplômés par an, on assiste à une véritable lame de fonds : celle de l’affirmation d’une jeunesse en quête de sens avec des étudiants très proactifs qui se saisissent de sujets culturels, sociétaux, etc. Ils créent du lien qui dépassent les frontières de leur campus. Le vin en fait partie avec de plus en plus de clubs d’œnologie et de concours de dégustation inter-grandes écoles », commente Anne-Lucie Wack, directrice générale de Montpellier SupAgro et présidente de la conférence des grandes écoles. « C’est une façon pour nous de créer du lien en se challengeant amicalement, explique Julien Fort. Les étudiants des grandes écoles sont de plus en plus avides de connaissance sur la culture du vin, il était essentiel que l’on rejoigne cette tendance en créant notre concours ».

On compte en France 13 concours de dégustation inter-grandes écoles, les plus connus étant le SPIT, le Sciences Po international Tasting en partenariat avec Bollinger, le X-Wine Contest de l’école polytechnique, le Cav-it d’Agro Paris Tech ou le Défi de Bacchus d’EMLyon. Et désormais, le SupAgro Wine Challenge de Montpellier.

Les vins dégustés par les finalistes :
– Champagne Bollinger, R.D. 2004 extra brut, 66% Pinot Noir, 34% Chardonnay
– Domaine Jacques Prieur, Corton Charlemagne grand cru 2015, 100% Chardonnay
– Liber Pater, collection « la Feuille » 2007, 60% Cabernet-Sauvignon, 40% Merlot