Accueil Condrieu et Côte-Rôtie : l’élégance en partage

Condrieu et Côte-Rôtie : l’élégance en partage

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

27.06.2016

Partager

Les deux appellations voisines du Rhône Nord, blanche et rouge, proposent chacune un très haut niveau qualitatif de vins porté par un dynamisme de bon aloi.

« Le millésime 2015 est le plus grand millésime produit depuis 55 ans ». Cela pourrait paraître présomptueux. Mais lorsque ces quelques mots sont lâchés par une figure aussi importante et humble que Marcel Guigal, elle suscite nécessairement l’intérêt. Ce millésime, annoncé un peu partout en France comme de bon niveau, a effectivement atteint sur Côte-Rôtie des sommets. Et la nature a été généreuse, les rendements étant généralement supérieurs à ceux des deux années précédentes. Si le cycle végétatif s’est déroulé de manière optimale, Christophe Bonnefond, propriétaire du domaine homonyme, rappelle avec justesse que l’hiver avait été particulièrement pluvieux, permettant une reconstitution totale des nappes phréatiques qui a permis d’éviter à la vigne un stress hydrique trop important, point ô combien fondamental pour produire de très grands vins…

Sur l’appellation Condrieu, le millésime 2015 est flatteur mais n’a pas l’aura de sa voisine Côte-Rôtie. Mais ces deux micro-appellations (respectivement 184 et 300 hectares plantés) connaissent les bonnes manières et savent briller à tour de rôle. Il ne faudrait en effet pas oublier qu’en 2014 sur Condrieu la maturation du viognier avait été optimale, les vins tutoyant des sommets que l’on n’avait pas connus depuis des années. Ce millésime, aujourd’hui disponible, est d’ailleurs une chance incroyable de redécouvrir une appellation dont le profil des vins a drastiquement évolué. Le temps des viogniers huileux, lourds, aux arômes exotiques poussés semble derrière nous. Le travail discret des vignerons a été impressionnant. De nombreux domaines offrent désormais une vision plus élégante et délicate avec des vins dont l’équilibre en bouche émerveille, grâce notamment à une maturité de raisin moins poussée et une acidité mieux conservée.

Parmi les domaines proposant cette expression plus moderne de Condrieu, on retrouve Chatagnier (28 €), Pilon (52 €) ou bien encore Vallet (26 €). Des vins à associer par exemple, comme Anne-Sophie Pic, à un saint-pierre rôti, tomates et verveine. Côté rouge, en attendant les 2015, l’on se régale de la friandise des Côtes-Rôties 2011, 2012 (particulièrement réussi au domaine Chambeyron) et 2014, ainsi que des 2013 aux tannins plus fermes mais parfois déjà tellement flatteurs (la cuvée améthyste du domaine Levet (22 €) est un modèle du genre). Et pour une introduction moins onéreuse au Rhône septentrional, les différentes IGP satellites (coteaux du lyonnais, collines rhodaniennes) offrent d’excellents rapports qualité-prix, portées par de jeunes vignerons de talents comme Guillaume Clusel ou Xavier Gérard.