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« Jardins Naturels » : Sebastião Salgado crée l’événement à Château Palmer

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

13.03.2017

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Du 13 mars au 25 août 2017, le château Palmer (3ème Grand Cru Classé 1855, Margaux) accueille l’exposition « Jardins Naturels », une collection unique de 24 photographies de Sebastião Salgado. L’artiste brésilien était présent à Margaux pour le vernissage, et s’est confié à « Terre de Vins ».

Sebastião Salgado est une figure mondialement connue de la photographie contemporaine. Né au Brésil en 1944 et basé à Paris depuis de nombreuses années, cet inlassable globe-trotter n’a cessé de capturer avec son objectif la splendeur des panoramas terrestres et la fragilité de la condition humaine. Saisir la beauté dans chaque paysage, dans chaque visage, dans chaque nuance de lumière (comme en atteste le documentaire « Le Sel de la Terre » de Wim Wenders qui lui a été consacré), a été la quête de toute sa vie. Pour la première fois, il expose dans l’enceinte du château Palmer, à Margaux, une sélection de 24 photographies, issues d’une recherche de plus de sept ans sur la « nature originelle ». Au Botswana, en Namibie, au Venezuela, au Brésil, partout dans le monde, ses instantanés saisissent la beauté d’une végétation foisonnante, volontaire, plurielle. Comme autant d’incitations à respecter, admirer, aimer ces jardins et, à travers eux, notre Terre. Entretien avec un gentleman sans frontières.

Comment est née l’idée de cette exposition « Jardins Naturels », ici à Palmer ?

Lorsque je suis venu pour la première fois ici, au château Palmer, j’ai été passionné par la vie foisonnante entre les vignes, la présence d’une vraie diversité, contrairement à d’autres vignobles traités chimiquement, qui sont trop « propres » et bien ordonnés – mais pas très « propres » écologiquement. On aurait dit une sorte de jardin, et en discutant avec le directeur Thomas Duroux est venue l’idée de faire une exposition liées aux jardins. Mais pas au sens où on l’entend classiquement, quelque chose avec un périmètre fermé. Qu’il soit français, anglais ou japonais, un jardin reste un périmètre fermé. Or ce qui m’intéressait était l’approche de jardin « naturel », et avec ma femme Lélia, nous avons sélectionné cette vingtaine de photos qui nous donne un échantillon unique de cette nature spontanée que l’on peut trouver sur la planète. Ce sont autant de temps forts, d’émotions, de visions spectaculaires ou intimistes, et il m’est impossible de dire lequel m’a touché le plus.

L’exposition nous emmène de l’Afrique à l’Asie, en passant par l’Amérique Latine, dans des pays différents, avec des végétations différentes. Quel est le fil conducteur de tous ces « Jardins Naturels » ?

Où que l’on soit, la nature est notre terroir, à nous Humains. Il n’y a pas si longtemps, c’est en son sein que nous vivions. Nous en faisions partie, nous étions intégrés dans cet environnement, et un jour l’Homme s’en est extirpé, pour vivre en ville, pour se désintéresser de sa terre nourricière. C’est notre seul bien commun, il faut que l’on retourne vers elle. Bien sûr je ne dis pas que nous devons retourner vivre dans des cavernes, mais il faut prendre conscience du fait que nous sommes de plus en plus nombreux sur Terre, et que si l’on veut qu’elle nous soutienne en tant qu’espèce, nous devons nous aussi la soutenir, la respecter, la protéger. Nous avons un petit projet environnemental au Brésil avec ma femme : nous avons repris la ferme de mes parents et avons décidé d’en faire un parc national. Nous y avons planté une forêt entière – plus de 2 millions d’arbres, 300 espèces différentes. Nous avons reconstitué un écosystème semblable à celui qui a été détruit. Les animaux sont revenus, l’eau est revenue… C’est une initiative qui peut être reconduite ailleurs, y compris ici en France : replanter des arbres, des plantes, non pas pour les exploiter, mais pour retrouver la diversité, nous réconcilier avec la nature, et au final vivre mieux.

Le fait que le château Palmer soit conduit en biodynamie a forcément guidé votre choix d’exposer ici ?

Bien sûr, cette philosophie m’a touché, nous avons en commun ce souci de respecter l’environnement. Ici l’objectif est de produire un grand vin, dans une région absolument magnifique, millénaire, riche de progrès technologiques, de savoir-faire ancestral.

Et le vin, vous l’aimez ?

J’adore le vin. Quand je suis venu à Palmer et que Thomas Duroux a découvert que ma femme Lélia et moi nous sommes mariés en 1967, il nous a ouvert une bouteille de ce millésime. C’était l’un des plus beaux vins de ma vie. Un privilège immense.

« Jardins Naturels » – Château Palmer, 33460 Margaux. 05 57 88 72 72.
Du 13 mars au 25 août 2017.
L’exposition est accessible dans le cadre des visites de la propriété. Les visites sont payantes (50 €), privées, et durent entre 2h et 2h30. Elle comprennent une dégustation de deux vins en primeur à la barrique, et également la dégustation de 2 millésimes plus anciens.
www.chateau-palmer.com


Credit photo : UNICEF/HQ01-0123/ Nicole TOUTOUNJI