Accueil Société Les jeunes et le vin : amour ou désamour ?

Les jeunes et le vin : amour ou désamour ?

Auteur

Laura
Bernaulte

Date

06.07.2016

Partager

C’est la question sur laquelle s’est penché Verallia, leader mondial de l’emballage en verre, grâce à une étude réalisée en partenariat avec le cabinet de conseil et agence de communication Bayadères. Les résultats ont été présentés en avant-première en juin à l’auditorium de la Cité du Vin.

Depuis quelques années, Verallia, numéro un en France sur le segment des vins tranquilles et effervescents organise « Vin & Sens », ateliers annuels destinés à aider ses clients vignerons et négociants à mieux décrypter le marché. Après le « digital et le vin » l’an dernier, cette édition 2016 présentait les résultats d’une étude nationale sur la thématique « les jeunes et le vin ». Comportements, pratiques, habitudes de consommation et préférences relatives au vin, mais aussi plus largement à l’alcool, ont été analysés grâce à des entretiens individuels, des tables rondes et à une étude en ligne, réalisés en avril et mai auprès d’un panel de filles et garçons de 18 à 35 ans.

« Je t’aime, moi non plus ? » A lire la synthèse de l’étude menée par Verallia, pas de désaffection des jeunes pour le vin, mais une attitude vis-à-vis de cette boisson et des autres alcools fluctuant en fonction de l’âge, et, dans une moindre mesure, du sexe. Chez les plus jeunes, l’alcoolisation rapide et « efficace » est plébiscitée. Loin d’être méprisé, le vin (surtout rouge) est respecté, voire sacralisé. De par le poids de son univers et de ses rituels de dégustation, il peut intimider et tenir à distance. Cette distance tend néanmoins à se réduire à l’approche de la trentaine, avec une consommation en augmentation. Un constat primordial : quel que soit le sexe, et sur la tranche d’âge entre 18 et 35 ans, 56% des sujets interrogés disent « vouloir en apprendre plus sur le vin. » Que ce soit par le cercle familial/amical ou par les professionnels de la filière, l’initiation est donc un paramètre primordial de la consommation de vin, puisque 78% des sondés attribuent l’augmentation de leur consommation de vin au fait d’ « avoir appris à l’apprécier ».

18-24 ans : âge du « binge-drinking »

Encore un peu adolescents, pas tout à fait adultes, ces jeunes favorisent massivement les boissons les plus alcoolisées et sucrées (34% des 18-24 ans consomment fréquemment des alcools forts avec diluants), et les moins onéreuses (comme la bière, consommée fréquemment par 41 %). Leur but ? Atteindre rapidement l’ivresse, surtout lors de fêtes en soirées. Si le vin est présent (35% en consomment fréquemment, et 33% occasionnellement), il s’agit souvent de vins peu chers (moins de 3€), surtout moelleux, que ces jeunes considèrent majoritairement comme « très mauvais ». Comprenez, à boire sans sacrilège dans un gobelet en plastique ou au goulot.

Un mode de consommation qu’ils n’oseraient pas pratiquer avec « un vin de qualité », boisson qu’ils fuient encore, puisque symbole pour eux de passage « en mode adulte ». L’exemple emblématique de cette transition vers le « monde des grands » est le vin rouge. Synonyme d’une « posture nouvelle faite de conscience, profondeur, sérieux et mesure », il impose respect et idée d’un nécessaire apprentissage. A ce sujet, l’étude constate : « dans les familles initiatrices, le rapport à l’alcool du jeune est moins excessif : apprendre le vin, c’est apprendre la maîtrise et la mesure. A contrario, les non-initiés sont initialement peu sensibles au vin rouge, ils n’en apprécient pas le goût et en ignorent les codes.  »

La trentaine : l’âge de raison

Cette tranche d’âge glisse de l’alcoolisation vers la dégustation. L’entrée dans la vie active est un premier cap favorisant l’intérêt pour le vin, avec une augmentation sensible du budget. Les 25-35 ans apprennent à connaître, comprendre et apprécier le vin, boisson culturelle, et son monde, 41% des 25-35 ans en consommant fréquemment. La stabilisation de la situation amoureuse et la parentalité impliquent également un comportement plus responsable. Les modes de consommation se structurent, entre apéritifs dînatoires, dîners ou soirées du week-end, et les trentenaires ne sont pas rares à acquérir leur première cave à vin pour recevoir lors de ces occasions. Si la bière est toujours consommée, les alcools forts, notamment coupés avec un « soft », le sont de moins en moins, alors que le vin l’est de plus en plus (57% des 25-30 ans et 47% des 31-35 ans affirment que leur consommation de vin a augmenté ces cinq dernières années). Les femmes plébiscitent les rosés, mais aussi les vins blancs (tranquilles comme effervescents), qu’elles consomment surtout entre filles en apéritifs prolongés. Le vin rouge a toujours un statut bien à part, considéré au sein du cercle familial, amical ou professionnel, comme « un véritable liant permettant le partage. » Il est de plus en plus consommé avec l’augmentation de l’âge, principalement chez les hommes. 54% des trentenaires consacrent d’ailleurs un budget entre 5 et 12€ pour l’achat d’un vin rouge. Les initiés ont gardé leur avance sur le non-initiés et font preuve de choix plus variés et complexes.