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La Fédération des Cavistes Indépendants regarde vers demain

Auteur

Laura
Bernaulte

Date

09.04.2019

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La fédération qui regroupe 250 cavistes français célèbre cette année son quart de siècle. Entre bilan et perspectives, elle dessinait lors de son assemblée générale, dimanche et lundi derniers à Saint-Emilion, ses priorités pour promouvoir toujours plus et mieux le métier de caviste.

A peine le clap de fin des primeurs sonné dans le vignoble bordelais, que Saint-Emilion s’animait de nouvelles festivités. Dimanche et lundi, quelques 80 cavistes membres de la Fédération des Cavistes Indépendants (FCI) (dont les meilleurs cavistes de France 2018, Cyril Coniglio, et 2014, Stéphane Alberti) ont répondu présent à l’assemblée générale annuelle, célébrant le 25e millésime de la fédération. Outre le renouvellement de son bureau et conseil d’administration, de rigueur après trois ans d’exercice, cette réunion était aussi l’occasion de constater les progrès accomplis depuis la dernière AG, notamment en terme de communication, et d’enclencher de nouveaux chantiers, portés par la force collective. Avec toujours une même ambition : rendre la profession de caviste plus visible, et vaincre les dernières réticences des clients, encore intimidés à l’heure de pénétrer chez leur commerçant de proximité en vin et spiritueux.

S’il est un chantier dont les résultats sont aisément tangibles, c’est bien celui de la communication. « On a la chance d’être sur un métier de commerce de proximité qui continue à prospérer, affirmait en 2017 sur terredevin.com Jean Guizard, le président de la FCI. Mais le caviste doit être plus visible pour se faire connaître, notamment sur internet et les réseaux sociaux. » Deux ans après ce constat, c’est chose faite. Le site internet de la FCI (www.cavistes.org), lancé en mai 2016, destiné à permettre au client de trouver un caviste près de chez lui et toutes les informations pratiques le concernant, a trouvé sa vitesse de croisière. Complément indispensable du site web, pour faire vivre la Fédération à l’heure des réseaux sociaux, tout un environnement digital a été développé. Il s’adresse au grand public (Facebook, Twitter, Instagram) mais aussi, dans l’esprit d’entraide cher à la FCI, aux membres de la Fédération (Lettre du Caviste Indépendant LCI, groupe fermé Facebook pour favoriser les échanges…) Pour la toute première fois, la FCI a également convié la presse locale lundi matin, avec une dizaine de journalistes locaux et de presse spécialisée au rendez-vous.

De la cave physique à la toile

Pour poursuivre l’élan digital et se rapprocher encore d’avantage des clients finaux, y compris « ceux qui ne se déplacent pas dans les caves », la FCI est passée du physique au virtuel. Elle a pris il y a deux ans le virage de la vente sur internet, grâce à un partenariat préférentiel avec www.cavisteauthentique.com. Cette plateforme globale développée par une start-up offre la possibilité aux cavistes de vendre en ligne sans créer leur propre site d’e-commerce. Tout est pré-organisé (logistique, paiement…) pour faciliter au caviste la transaction en ligne, mais il expédie lui-même ses produits. Aujourd’hui, une étape de plus est franchie avec le rachat de la plateforme et de la marque par six cavistes et la FCI. « C’est un outil primordial pour donner de la visibilité aux cavistes qui sont derrière leurs comptoirs et n’ont pas toujours les connaissances, le temps ou le budget pour s’en occuper. Tous ceux qui auront envie de rentrer au capital de cette structure sont les bienvenus » encourage Jean Guizard. « Avec cette place de marché, nous devenons finalement la première forme communautaire de cavistes sur le digital et la plus grande cave de France avec un stock réel, et une sélection de pépites faite par les cavistes. » Déjà 150 cavistes ont adhéré à la plateforme.

Vers la création d’un label de « maître caviste »

« Notre métier est en plein croissance, de plus en plus de cavistes s’installent, nous sommes 5700 en France, mais notre fonction et notre métier ne sont pas bien définis » déplore Patrick Jourdain, caviste indépendant et vice-président du Syndicat des Cavistes Professionnels, qui regroupe toute la profession au plan national (indépendants, franchisés, réseaux). Pour se distinguer de la concurrence de la grande distribution, qui réalise 70 % de la vente de vin en France, la FCI a décidé de mettre en avant l’excellence, « la crème de la crème des cavistes ». Une réflexion est menée depuis deux ans autour du lancement d’un label de « maître-caviste », à l’instar de ce qui existe déjà dans d’autres métiers, notamment de bouche. « Dans beaucoup de métiers on a créé cette distinction de « maître », avec une notion de savoir-faire, de compétences et d’expérience, expose Jean Guizard. « L’idée c’est de reconnaître dans notre métier ceux qui sont les plus illustres, les plus compétents, et de les honorer d’un titre » détaille le président. Mais ne sera pas maître caviste qui veut. Pour décrocher le sésame, un audit préalable sera mené et une liste de critères définis dans un cahier des charges, encore en cours de consolidation, devra être remplie (au moins dix ans d’expérience dans le monde du vin et des spiritueux, cohérence globale dans l’offre proposée aux clients, enquête sur la personne, visite mystère…) Une fois ce label octroyé, le « maître caviste », dont le la qualité sera manifestée par un insigne sur la devanture de sa boutique, sera investi, en véritable passeur, d’une mission de formation auprès de ses clients, mais aussi de ses collaborateurs, et des futurs aspirants à ce métier. « C’est important, parce que beaucoup de gens s’improvisent cavistes,  ce qui peut parfois donner une mauvaise image de la profession, expose Jean Guizard. Il s’agit aussi de faire tomber certains préjugés. Encore trop souvnet, les gens n’osent pas rentrer chez un caviste, car ils n’y connaissent rien en vin, pensent que c’est cher… » Avec ce label, « on veut montrer que le caviste n’est pas qu’un sachant, mais aussi un transmettant de savoir. » Le premier « maître-caviste » devrait être connu cette année. A chaque nomination, « sera organisé un événement, on en parlera, on fera venir des journalistes pour essayer de l’aider à croître et à se développer » affirme Jean Guizard.

Vers une Europe des cavistes ?

La magie des réseaux sociaux, c’est parfois de générer des rencontres insoupçonnées qui se concrétisent dans le réel. La meilleure illustration en est la venue à l’AG de deux cavistes italiens, Andréa Terraneo (président de Vinarius, Association des Cavistes Italiens) et Francesco Bonfio (président de l’AEPI, Association Italienne des Professionnels du Vin), entrés en contact avec Jean Guizard via Facebook. Les deux hommes n’ont en effet pas hésité à faire le déplacement jusqu’à Saint-Emilion pour partager leur expérience et rencontrer les membres de la FCI, et ce, malgré le premier jour dimanche de la tenue du salon Vinitaly à Vérone. « L’Italie et la France étaient toutes deux parmi les pays fondateurs de l’Union Européenne, pourquoi ne créerait-on pas une Europe des cavistes ?, se prend à rêver Jean Guizard. Au niveau européen on pourrait s’enrichir les uns les autres de nos expériences et de nos savoir-faire mutuels, pour constituer une entraide et une défense commune des cavistes… »

Concentration et dégustation

Si la concentration était l’un des leitmotiv de ces deux jours d’AG bordelaise, la découverte et la dégustation étaient aussi incontournablement au menu, non seulement dimanche soir lors de la soirée de gala au très beau château de Ferrand, fraîchement rénové, mais aussi lundi matin, pour le salon VIN.CI-DUGAS. Plus de 35 producteurs de toute la France, « un record », étaient réunis dans la très belle salle des dominicains, au cœur de la cité de Saint-Emilion, pour présenter leurs vins et spiritueux aux cavistes. La matinée s’est poursuivie avec une une master-class sur les rhums arrangés « Rhum de Ced’ » et la journée clôturée par des visites de propriétés.

Pour célébrer leurs retrouvailles lors de l’AG 2020, les cavistes pourront entonner un hymne de joie. Mais pas n’importe lequel, puisque la FCI possède désormais le sien, imaginé spécialement par le caviste mélomane strasbourgeois Michel Falck, avec la complicité du musicien italien Filippo Zapponi, et dévoilé dimanche soir. Mesdames-messieurs les cavistes, vous avez un an pour prendre de la bouteille dans le solfège et le chant… A vos partitions !