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La mue des champagnes Nicolas Feuillatte

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

11.10.2018

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La première marque de champagne de France et la troisième au monde a engagé depuis quelques années une transformation profonde. Avec de beaux résultats à la clé.

La bouteille est élégante, sobre. La coiffe noire ourlée d’or rappelle certains codes classiques du luxe. Un macaron dentelé vient apporter un surcroît de raffinement. De prime abord, l’on penserait évidemment à une cuvée d’une grande maison champenoise. Mais à y regarder de plus près, il s’agit d’une bouteille de champagne Nicolas Feuillatte. La métamorphose de forme est impressionnante mais elle est tout à fait cohérente avec celle, de fond, opérée depuis maintenant plusieurs années.

Avec Guillaume Roffiaen, le chef de cave de la maison depuis maintenant 10 ans, les vins ont gagné en précision, en netteté, en élégance. Ils ont finalement trouvé leur style. Les vins sont généralement généreux, ont du corps mais sans aucune lourdeur. A ce titre, certaines cuvées sont révélatrices de la progression qui a été réalisée. Tout d’abord, la cuvée « Réserve Exclusive » (28€), étalon de la gamme. Cet assemblage de pinot noir (40%), meunier (40%) et chardonnay (20%) s’avère fruité avec des notes d’agrumes et de fruits jaunes. Une belle complexité aromatique liée au vieillissement de 3 à 4 ans en cave. Mais un vin également souple et frais, parfait comme compagnon de l’apéritif. Caméléon, il accompagne par exemple parfaitement un plat de charcuterie. La même cuvée mais en version « rosé » joue la même partition de la gourmandise, tout en affichant une belle allonge finale. S’ils représentent aujourd’hui 12% de la production, les rosés vont encore se développer. Christophe Suarez, Directeur Général de Nicolas Feuillatte, a ainsi précisé que « le seuil des 15% de la production était l’objectif fixé ».

De beaux Blancs de Blancs

Lorsque l’on est l’une des principales marques de champagne au monde, deux choses attirent inévitablement l’attention. La cuvée de base, assemblage classique représentatif du style maison. Mais aussi évidemment les cuvées plus pointues qui démontrent la capacité de l’entreprise à produire des vins marquants, uniques, différents des autres références sur le marché. Eh bien, à n’en pas douter, c’est par ses Blancs de Blancs que Nicolas Feuillatte y arrive. Le Blanc de Blanc Collection Vintage 2012 (34€) est ainsi très révélateur. Le nez est magnifique, généreux de fleurs blanches et d’amande fraîche. En bouche, il s’impose par sa droiture qui s’équilibre parfaitement à une belle mâche. Le tout s’étirant longtemps en final. Le Blanc de Blancs grand cru 2010 (39€) pour sa part révèle encore davantage de complexité aromatique et d’ampleur. Mais on retrouve, ici encore, une très fraîche tension qui lui apporte une respiration de bon aloi. La gamme est globalement de bon niveau qualitatif et les cuvées se précisent d’année en année. Cette coopérative qui associe 4500 vignerons est bien en pleine mutation et s’ouvre ainsi un avenir qui s’annonce des plus radieux.